« Pourquoi est-ce que je choisis la tête ?
La raison est simple. Je ne la choisis pas : elle se désigne elle-même. Elle est bizarre, c’est une blagueuse. Et voici la blague : ce à quoi je me suis le plus identifié, c’est en fait ce qui est le moins moi. C’est la seule partie de mon corps (je veux dire de l’ensemble de mon corps qui est le Tout) qui fait constamment l’école buissonnière. La seule partie que je ne trouve jamais ici, qui est ABSENTE en permanence. Le reste va et vient, comme ça lui plaît et comme ça me plaît.Ainsi, lorsque je regarde vers le bas, c’est seulement ma tête qui manque. Quand je regarde devant moi, comme je le fais maintenant, c’est tout mon corps qui manque.
(Ernst Mach : « Autoportrait » – NB : Ce dessin ne figure pas dans Le Procès.)
[…]
En d’autres termes, la raison pour laquelle j’insiste sur le fait que je n’ai pas de tête, plutôt que pas de torse (par exemple), c’est que ma tête est absente au centre de moi-même de façon permanente, alors que mon torse paraît et disparaît.
[…]
Je vous le demande, qu’est-ce qui pourrait être plus différent de cette tête d’homme telle que nous l’avons définie, cet objet limité mort-au-monde, que ce Vide-Plein largement ouvert et conscient ? Peut-on imaginer meilleure définition de la Divinité que ce Rien-et-Tout, éveillé, conscient de sa propre Vacuité-Plénitude ?
« Ce chapeau semble petit, mais quand je le mets, il couvre l’univers. »
Désolé, je n’ai pas réussi à trouver de représentation de Huang-Po coiffé de son chapeau ! Vous vous consolerez avec cette belle citation, totalement en phase avec le propos de ce site, et de cet article.
Et toujours Bach pour accompagner ce Procès bien sûr, mais aussi des jeux de lumière, des reflets, ces mains de Fazil Say qui volent de touche en touche … un court extrait musical mais une bien belle vidéo.
Cordialement