« La santé du Petit Prince » : l’article intégral découvert, par hasard & nécessité, sur le site du Professeur Henri Joyeux.
« Je n’avais jamais pensé à la Santé du Petit Prince avant d’avoir entendu une conférence passionnante au colloque que j’organise chaque été à la frontière Franco-Espagnole, à Bourg-Madame, en Cerdagne. C’est une philosophe étonnante, Laurence Vanin, qui nous a initiés aux richesses philosophiques du « Petit Prince » de Saint-Exupéry.
La réflexion philosophique, quand elle est bien menée, conduit à la santé. Je remercie très chaleureusement Laurence Vanin d’avoir accepté de répondre à mes questions pour éclairer jeunes et moins jeunes sur ces chemins de santé dont nous avons tant besoin.
Avant d’aller plus loin pour vous conseiller son excellent petit livre – « L’Énigme de la Rose – Richesses philosophiques du Petit Prince »¹ –, voici les réponses de la philosophe à mes questions d’homme de santé.
1 – Henri Joyeux : Le grand philosophe allemand Martin Heidegger écrivait dans la préface de l’édition allemande du Petit Prince en 1949 :
« Ce n’est pas un livre pour enfant, c’est le message d’un grand poète qui soulage de toute solitude, et par lequel nous sommes amenés à la compréhension des grands mystères du monde. »
Quels sont ces mystères ?
Laurence Vanin : Ces mystères ne sont peut-être que des vérités enfouies. Ils concernent « Les mystères de la vie bienheureuse » dès lors que chacun est conscient de sa fragilité, et que la vie est à préserver. Il importe de prendre soin de soi comme de l’humanité afin que notre sentiment d’appartenance au monde puisse être en permanence alimenté par une source salvatrice.
La surconsommation, l’excès, l’accélération de nos rythmes de vie sont propices à l’oubli. Dès lors, les hommes se préoccupent de choses secondaires et se détournent de l’essentiel. Incontestablement, le Petit Prince lance un appel à l’éveil afin de méditer sur ce qui est fondamental mais invisible pour les yeux : l’amour.
Il consiste en une mise en garde vis-à-vis du paraître et il incite à quérir l’Être des choses afin de parvenir au bonheur, parce que ce qui demeure imperceptible aux yeux ne peut l’être au cœur. Cependant, pour le comprendre – et surtout l’intégrer dans un projet collectif – Saint-Exupéry engage les hommes à conquérir leur humanité. Il les exhorte à préserver leur héritage culturel et à « habiter » le monde, non pas comme simples présences mais comme gardiens de valeurs spirituelles, structurelles et primordiales à assimiler en vue de façonner un nouveau monde axé sur l’essentiel …
2 – Henri Joyeux : Vous avez étudié longuement et dans le détail la vie de ce formidable pilote écrivain, Antoine de Saint-Exupéry, pionnier avec Mermoz des premiers vols intercontinentaux au risque de leur vie. Vous avez scruté sa pensée et ainsi décelé quelques énigmes qui touchent à la santé affective de sa personne. La rose s’oppose-t-elle au mouton enfermé dans sa boîte ?
Laurence Vanin : Le point commun de tous ces aventuriers est qu’ils avaient un être à chérir : une femme, qu’elle soit l’épouse ou la mère.
Les nombreuses correspondances des uns et des autres à leur mère ou à leur épouse témoignent de la nécessité de l’attachement. Un homme courageux, amené à prendre de terribles risques a besoin d’un point d’ancrage affectif, « une rose » qui devient également un point sur lequel il fonde sa lucidité.
Prendre des risques ce n’est pas chercher la mort, car si quelqu’un vous aime il attend votre retour ou vos lettres avec impatience et parfois avec inquiétude. L’amour est donc ce qui maintient la conscience en éveil² et préserve les héros de terribles dangers. Il ne peut donc être tyrannique à l’image d’un mouton que l’on exige et que l’on finit par enfermer dans une boîte, et l’on ne peut abandonner « une rose » sans souffrir de son absence. L’amour ne peut être que don de soi et bienveillance à l’égard de l’être aimé.
3 – Henri Joyeux : Quelle est la condition d’homme, pour Saint-Exupéry ? La solitude du petit bonhomme dans le désert ou les épines sur les fleurs ?
Laurence Vanin : Je dirai que pour lui l’homme a le choix. Il peut investir son rôle et décider de ce qu’il veut. Il importe de lire ce récit du Petit Prince en gardant à l’esprit son objectif : penser la conversion du regard³ et recentrer l’homme dans une Humanité afin qu’il réinvestisse son rôle !
« Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix, car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort. [1] »
Dès lors il paraît intéressant de s’interroger sur la mise en situation d’un homme incompris qui exécute un dessin et se trouve face à son destin (une panne de moteur en plein désert). Inéluctablement sa conscience s’en épuise … Sauf si elle parvient à transcender sa position de mortel afin de manifester sa liberté dans des actes volontaires. Elle déjoue alors les coups du sort et dépasse sa condition. Surtout si un petit prince vient à sa rencontre et l’amène à méditer sur son devenir …
Lorsque l’idée d’un projet jaillit, qu’elle soit ou non initiée par la rencontre d’un petit être – sorte de révélation d’une possible attention nouvelle à la vie – il devient urgent d’agir et d’investir ses initiatives d’une autre signification. D’autant que Saint-Exupéry nous invite au voyage : quels sont ces mystérieux astéroïdes ? Quels messages leurs habitants ont-ils à délivrer ?
Désormais, il convient au lecteur attentif de visiter les planètes en méditant sur le genre humain, ses égarements, ses démesures néfastes à son épanouissement.
4 – Henri Joyeux : Il n’est rien de plus fragile que le Petit Prince sur la terre ? Les grandes personnes très très bizarres ne l’ont-elles pas oublié aujourd’hui ?
Laurence Vanin : Connaître sa propre fragilité, n’est-ce pas le début de la sagesse qui peut éloigner le stress si néfaste à notre santé ?
« Je connais une planète où il y a un monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. [2] »
Effectivement, le Petit Prince s’avère être un personnage toujours en mouvement, insaisissable parce que l’idée est sans appel : l’immobilisme est la voie de l’absurdité de la vie. Le rayonnement de la pensée ne peut avoir lieu que dans une élévation spirituelle suscitée par la mobilité et l’action.
Inversement, mourir revient à s’arrêter, se poser, être en proie … ou plutôt, être la proie consentante d’un serpent : comme l’est le Petit Prince en fin d’ouvrage … Méditer sur la mort n’est-ce pas déjà commencer de vivre pour renaître à « autre chose » ? Saint-Exupéry nous enseigne que l’homme doit éviter de s’égarer. Le stress, la peur du lendemain, conduisent les hommes à se comporter de manière illogique et dangereuse pour leur équilibre physique et mental. C’est pourquoi le Petit Prince est un guide qui enseigne la beauté du silence pour rompre avec le bruit des sociétés modernes ; il invite à se détourner des grandes personnes, trop affairistes, insipides, qui passent à côté de l’essentiel.
La santé comme l’amour ne se conservent pas sur un compte en banque, et on ne peut vivre dans l’attachement aux choses matérielles, aux nourritures terrestres de façon abusive … Il importe donc de se recentrer sur soi pour se préparer à accueillir la simplicité des choses qui sont propices au bonheur, à l’équilibre et à la santé.
5 – Henri Joyeux : La soif d’apprendre de planète en planète ouvre le cœur aux dimensions du monde, mais rend toujours insatisfait. Pourquoi ?
Laurence Vanin : Effectivement, ceux qui se prennent un peu trop au sérieux, oublieux de vivre, passent à côté de la réalité, des êtres et du monde qui les entourent. Ils se détournent du concret pensant que la raison peut parvenir à tout élucider. Comme le précise notre auteur dans une de ses lettres :
« J’aime les gens que le besoin de manger, de nourrir leurs enfants et d’atteindre le mois suivant ont liés de plus près avec la vie. Ils en savent long. […] Les gens du monde ne m’ont jamais rien enseigné. [3] »
Par suite, la visite de diverses planètes et l’examen de leurs habitants servent à mettre en évidence les travers de la raison et les excès des hommes. Ces derniers constituent des obstacles à la cohésion sociale. Saint-Exupéry procède alors selon deux axes distincts afin de montrer ce qui est nuisible à la communication :
- Les critiques à l’égard du sérieux de certains individus qui ont placé dans leurs activités quotidiennes la totalité de leur concentration en négligeant la vie même.
- Les illusions vitales qui permettent aux êtres de croire au bonheur alors qu’ils évoluent dans des paradis artificiels. Ils sont victimes de leurs opinions.
Visiter toutes ces planètes doit donc favoriser un temps d’introspection pour que chacun puisse, en soi, se ressourcer … Mais ce travail est difficile et souvent les hommes se refusent à entreprendre ce travail sur soi, bien qu’il soit salvateur. Apprendre à se connaître c’est aussi pouvoir s’écouter et vivre en harmonie avec soi.
6 – Henri Joyeux : Apprivoiser le renard, n’est-ce pas prendre son temps pour aimer et se sentir aimé ?
Laurence Vanin : La curieuse rencontre du renard coïncide avec l’épisode, insolite, du face à face (4) entre deux êtres différents qui se découvrent et de l’éveil affectif qui s’ensuivra. Toutefois, notons que ce renard fait référence à un fennec pour lequel, lors de son accident d’Égypte au cours de la tentative du raid Paris-Saïgon, Saint-Exupéry se passionna et qu’il amadoua à force d’observation et de patience. Ce renard dont il est déjà question dans Terre des hommes :
« Mon petit renard, je suis foutu, mais c’est curieux, cela ne m’a pas empêché de m’intéresser à ton humeur. [4] »
L’amitié enseigne au Petit Prince que les relations entre les êtres nécessitent de l’amour, du don de soi et de l’abnégation. Le renard, animal sauvage, met ainsi en évidence la question du temps qu’il faut consacrer à quelqu’un pour l’apprivoiser.
« Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t’assoiras d’abord un peu loin de moi, comme ça, dans l’herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t’asseoir un peu plus près… [5] »
Là où le mouton n’était que l’animal domestique – le souhait exprimé, « dessine-moi un mouton », comme un caprice à la manière dont chacun pourrait vouloir un chien ou un chat pour lui tenir compagnie –, la rencontre avec le renard propose, en réalité, de créer des liens de confiance et d’introduire des valeurs. L’amitié nécessite d’ajuster son caractère, d’apprendre à partager, à échanger, à donner. L’homme prend conscience que, contrairement aux relations professionnelles ou de voisinage, il peut s’adresser à son ami d’égal à égal en acceptant ses différences, dans l’exclusivité des moments de rencontre au cours desquels « il s’habille le cœur ». L’amitié ouvre à la tolérance [6].
Saint-Exupéry explique qu’il faut des rites, un cérémonial. Certes, lorsque nous attendons des amis, ils convient de bien les accueillir. Toutefois, il faut un protocole, à savoir des horaires, des préparatifs, des choses à partager … Cela semble si évident et pourtant si complexe en réalité. Les relations se nouent quand des liens se tissent, quand le besoin de se rencontrer fréquemment se fait sentir, s’installe et s’organise. L’amitié n’autorise pas tout. Elle ne permet pas l’intrusion intempestive, les abus, les rivalités. Elle appelle au respect et à la prise en compte des besoins de l’autre. L’amitié permet donc d’aimer et de se sentir aimé, de savoir que l’on n’est pas seul et que votre cœur « s’habille d’une autre couleur » !
7 – Henri Joyeux : Découvrir le prix du bonheur, comment Saint-Exupéry conçoit-il cette conquête ?
Laurence Vanin : Les hommes s’illustrent parfois par leur frivolité et ne font pas toujours preuve de bon sens. Souvent, ils s’affairent à des activités secondaires ou dérisoires. Ils ne sont pas spécialement distraits, mais leurs pensées se sont canalisées sur de « sérieuses » futilités. Ils passent à côté de l’essentiel et ne le voient pas. La raison, dans sa prétention au savoir, a longtemps cru qu’elle pouvait élucider tous les problèmes, notamment depuis que Descartes a prétendu que grâce à elle, et consécutivement à la science, l’homme allait pouvoir se « rendre maître et possesseur de la nature ».
Néanmoins, les scientifiques, depuis qu’ils ont traduit les phénomènes naturels en chiffres et qu’ils ont mathématisé l’univers, se concentrent ainsi sur leurs travaux et occultent la prise en compte de l’homme, de son humanité. La conception scientifique du monde se représente principalement un univers formé d’abstractions, codifié par des formules et des lois mathématiques. Partant, Saint-Exupéry lui reproche d’avoir quantifié l’univers et d’avoir omis d’évoquer ce qui échappe à la traduction en données chiffrées, ou en termes de statistiques, mais conserve toute son importance : l’humanité habitant le monde.
Ainsi le bonheur est à trouver dans la réalisation des actes quotidiens, lorsque nous mettons du cœur dans nos actions et qu’elles ont du sens.
8 – Henri Joyeux : Est-ce que la nature ne laisse aucune chance aux faibles ? Est-ce l’influence du Darwinisme social qui a fait et continue de faire tant de dégâts sur la planète ?
Laurence Vanin : Peut-être … Toutefois, dans la nature, si un animal en tue un autre c’est pour se nourrir ou rester en vie. Il ne tue pas gratuitement, ni même ne détruit gratuitement. Mais pour ce qui est des hommes … Nous vivons à crédit car les hommes ne voient plus dans le lointain ; oublieux du bon sens ils privilégient la technique, la rapidité, le profit et ils méprisent la vie, leur avenir et celui de leurs enfants, la planète, le règne animal. Méditer nos choix, comprendre nos égarements pourrait peut-être influencer nos décisions et les politiques à venir que nous choisissons en votant pour l’élection des hommes politiques qui sont en charge de la Cité. Nous sommes des citoyens du monde et notre devoir est de le préserver, y compris de la bêtise humaine rivée à sa jalousie.
9 – Henri Joyeux : Que dit Saint-Exupéry aux jeunes d’aujourd’hui ?
Laurence Vanin : Il s’est bien gardé de leur faire la morale. Il les invite simplement à la vigilance afin de détruire les mauvaises herbes. Il use alors de métaphore avec le drame des baobabs afin d’aborder la question du bien et du mal comme référence à la morale religieuse « des arbres grands comme des églises ».
Saint-Exupéry expose, dans ce texte, une vision manichéenne du monde qu’il décline sous l’image des bonnes ou mauvaises herbes. Il appelle à la vigilance et lance un avertissement aux enfants parce qu’ils sont vulnérables. Effectivement, la morale, tout comme l’éveil de l’intelligence, n’est pas instantanée. Il s’agit, plutôt, du fruit d’une éducation, d’une intégration progressive accomplie au cours de diverses expériences propices à l’acquisition de l’autonomie intellectuelle, au respect des consignes liées à la vie en communauté et d’une aptitude à discerner le bien et le mal. Cette application au bien peut conduire les hommes au bonheur et à l’épanouissement personnel. La norme à suivre constitue, également, une valeur à intégrer et à transmettre aux enfants pour qu’ils puissent agir conformément à la morale, se soustraire au mal afin de s’en préserver.
« Je n’aime guère prendre le ton d’un moraliste. Mais le danger des baobabs est si peu connu, et les risques courus par celui qui s’égarerait dans un astéroïde sont si considérables, que, pour une fois, je fais exception à ma réserve. Je dis : « Enfants ! Faites attention aux baobabs ! [7] »
Le besoin d’unité et d’harmonie incite l’homme à régler son comportement sur une conception dynamique – comme force « promouvante » du bien – sous la prépondérance de l’amour polarisé sur l’humanité conçue dans la fraternité. Saint-Exupéry lance donc un appel et exhorte à davantage de vigilance.
Certes, il existe des mauvaises herbes, elles se montreront extrêmement dévastatrices si les hommes les laissent pousser et corrompre les rapports humains. Au regard de l’humanité, le devoir revient à lutter et à éradiquer le mal, ainsi qu’à éduquer les enfants en vue du bien.
« C’est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince. Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète. Il faut s’astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès qu’on les distingue d’avec les rosiers auxquels ils ressemblent beaucoup quand ils sont très jeunes. C’est un travail très ennuyeux, mais très facile. »
Et un jour il me conseilla de m’appliquer à réussir un beau dessin, pour bien faire entrer ça dans la tête des enfants de chez moi. « Sils voyagent un jour, me disait-il, ça pourra leur servir. Il est quelquefois sans inconvénient de remettre à plus tard son travail. Mais, s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. J’ai connu une planète, habitée par un paresseux. Il avait négligé trois arbustes…[8] »
10 – Secourir ses compagnons naufragés en terres hostiles, les liens de fraternité chez Saint-Exupéry, n’est-ce pas la racine des Médecins du Monde ?
Laurence Vanin : Aux sources profondes de la vie se trouve la spatialisation de la responsabilité, le véritable trésor comme le précise Saint-Exupéry, un essentiel invisible aux yeux, mais perceptible à un cœur ouvert à la fraternité.
« […] Je viens de donner trois cigarettes à un mendiant parce qu’il avait l’air si heureux que j’ai voulu faire durer ce visage. [9] »
L’homme n’est pas une entité figée dans la temporalité qui est la sienne. Il s’investit dans le monde et s’y parachève. C’est en cela sans doute que l’homme peut s’engager par exemple dans l’humanitaire, Médecins du Monde par exemple, ou intégrer des métiers qui nécessitent de l’engagement et du dévouement. Il peut ainsi porter son attention à un autre que lui-même. Autrui ne doit pas être traité comme un simple moyen. Il ne peut être instrumentalisé pour servir la cause ou la carrière d’un être arriviste et sans morale. L’autre doit figurer comme limite à nos désordres, à nos excès pour être ensuite reconnu comme une humanité à respecter et protéger. En renonçant aux exigences de l’égoïsme, chacun peut s’épanouir dans le partage. Comme le précisait Saint-Exupéry dans Terre des hommes :
« Je ne me souviendrai jamais de ton visage. Tu es l’Homme et tu m’apparais avec le visage de tous les hommes à la fois. Tu ne nous as jamais dévisagés et déjà tu nous as reconnus. Tu es le frère bien-aimé. Et, à mon tour, je te reconnaîtrai dans tous les hommes. [10] »
Les opérations des hommes doivent se conformer à un ordre intelligible, qui ne leur appartient pas, mais auquel ils contribuent car leur accomplissement exige qu’ils deviennent « Homme ». L’auteur privilégie la discipline, la foi en l’homme et pense le devenir dans la réalisation de l’Homme par l’homme. Ainsi dans mon ouvrage je me suis attardée à expliquer tous les symboles auxquels Saint-Exupéry s’est référé et il est vrai que lire Le Petit Prince éclairé de toutes ces significations permet de mieux méditer sur l’existence et contribuer à la « Bonne Santé » ! »
Sources :
[1] « Terre des hommes » page 176. Gallimard, Collection Folio.
[2] « Le Petit Prince » § VII. Gallimard, Collection Folio.
[3] « Lettre à Rinette Paris 1926″. La Pléiade, tome 1, page 798.
[4] « Terre des hommes » Gallimard, Collection Folio.
[5] « Le Petit Prince » § XXI. Gallimard, Collection Folio.
[6] « Toi, mon ami, ce que tu reçois de moi avec amour c’est comme l’ambassadeur de mon empire intérieur. Et tu le traites bien et tu le fais s’asseoir et tu l’écoutes. Et nous voilà heureux. Mais où m’as-tu vu, quand je recevais des ambassadeurs, les tenir à l’écart ou les refuser parce qu’au fond de leur empire, à mille jours de marche du mien, on s’alimente de mets qui ne me plaisent point ou parce que leurs mœurs ne sont point miennes. L’amitié c’est d’abord la trêve et la grande circulation de l’esprit au-dessus des détails vulgaires. Et je ne sais rien reprocher à celui qui trône à ma table. » « Citadelle » § LVIII.
[7] « Le Petit Prince » § V. Gallimard, Collection Folio.
[8] « Le Petit Prince » § V. Gallimard, Collection Folio.
[9] « Lettre à Rinette Alicante le 1er janvier 1927 ». La Pléiade, tome 1, page 814.
[10] « Terre des hommes » p. 187.
Cordialement
¹ – « L’Énigme de la Rose – Richesses philosophiques du Petit Prince » – Éditions OVADIA 2014
² – Il est possible d’inverser la proposition : l’éveil & le maintien de la conscience en éveil rendent possible l’amour. Il s’agit vraisemblablement d’un cercle vertueux qui s’auto-alimente et s’auto-renforce. Il convient juste de commencer … La Vision du Soi selon Douglas Harding peut très utilement vous aider à vous rapprocher, de très près, de cette « grande santé » autrefois appelée le « salut ». Mais n’en croyez surtout pas un traître mot, essayez !
³ – « Penser la conversion du regard » … ne me semble vraiment pas suffisant. Il importe de vivre le plus continûment possible dans une conscience éveillée de ces deux directions, celle de la Source et celle du « monde », celle du Contenant ultime et celle des contenus innombrables. Ce n’est plus si difficile depuis que Douglas Harding nous a offert ses merveilleux outils … essayez-les !