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La cause des … humains – Marie Balmary

« Journée internationale des femmes » oblige, j’aurais du, et sans doute pu, faire un article mieux centré sur le sujet de la cause des femmes … (0)

C’est, bien entendu, quand même aussi le cas, mais ce que Marie Balmary¹ a écrit, et que je souhaite mettre en lumière ci-dessous, dépasse de loin le seul intérêt de ce sexe & genre, de cette majeure² « moitié de l’humanité ».

L’essentiel se trouve dans un de ses livres déjà ancien (1986), « Le Sacrifice Interdit – Freud et la Bible », désormais disponible au Livre de Poche, collection Biblio essais.

Dès le titre cela semble pourtant assez mal commencer ! Qu’est-ce que la cause des femmes peut bien espérer, et de cette antique « bibliothèque » (τὰ βιβλίαta biblia), assez largement répertoriée comme un ensemble de textes misogynes, globalement bien remisée désormais, et de ce non moins bon vieux Sigmund Freud, dont l’œuvre fait aujourd’hui l’objet de bien des soupçons³ ?

Et pourtant la finesse de l’analyste & l’exigence de la chercheuse et la richesse quasi inépuisable de l’œuvre analysée, donnent naissance à ce que je considère personnellement comme deux considérables « dé-voilements » (4) :

  • « Ce n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je ferai une aide contre lui (5). »

Genèse, 2, 18

« … Ce n’est pas bien/bon : voilà du nouveau, le divin trouvant une chose pas bonne. Pas bon d’être seul : littéralement être isolé, être à part.  … Pas être seul au sens être unique. Mais être privé d’autre. Être sans. Si l’image du divin est la relation humaine différenciée, la solitude de l’homme ne peut pas lui être agréable à voir. [page 295 de l’édition de poche 1986]

 “Une aide contre lui.” Humour d’André Chouraqui. Faut-il en connaître quelque chose, de la relation conjugale, pour dire cela … » [page 296]

Annette & André Chouraqui

  • « Élohim dit à Abraham :
    Saraï, ta femme,
    Ne clame plus son nom Saraï, ma princesse,
    Car son nom est : Sarah, la princesse.« 

Genèse, 17, 15

Marie Balmary développe plus longuement cette mutation de Saraï en Sarah dans l’article « Des religions pour les servir ou pour qu’elles nous servent ». Voici juste le cœur de la découverte :

« … Je vous raconte ce qui m’est arrivé le matin où j’ai découvert la première traduction de la Bible par André Chouraqui. […]

A l’époque je ne lisais pas l’hébreu. Donc, un matin, je venais d’acheter le premier volume, la Genèse évidemment, et je lisais 17, 15. [Cf. ci-dessus.]

Je rencontrais dans l’escalier de la bibliothèque une collègue incroyante et qui avait envers les religions les préventions ordinaires d’une psychanalyste. Voyant le livre que je tenais à la main, elle lut le titre et s’étonna :

— “Tu lis la Bible maintenant ?”

— “Oui, dis-je, et ce que je viens d’y lire est incroyable. Connais-tu un dieu qui demande à un homme de ne plus appeler sa femme “ma princesse”, car “la princesse” est son nom ?”

“Tu veux dire qu’il demande au mari de ne plus considérer sa femme comme sa possession ?”

Voilà …

 

Cordialement

 

0 – Le premier article relié à la « journée » 2014 est dédiée à Catherine Harding.

Les femmes sont bien présentes sur volte-espace : Etty Hillesum, Christiane Singer, Simone Weil, Sylvie Germain, …

Mais s’il me fallait écrire ne serait-ce qu’un seul petit paragraphe sur toutes les femmes exceptionnelles qui jalonnent l’histoire de la vie spirituelle depuis les origines … je serais fichu ! N’oubliez pas que je suis tout seul derrière mon clavier …

Vous pouvez utilement consulter « Les Femmes Mystiques – Histoire et Dictionnaire » sous la direction d’Audrey Fella, dans la collection Bouquins des Éditions Robert Laffont.

Notre Vraie Nature, notre Visage Originel, cet espace d’accueil central, illimité et inconditionnel est bien évidemment situé en-deçà des différences périphériques de sexe & genre. « La & Le » Voir clairement grâce aux géniales expériences de Vision du Soi selon Douglas Harding s’avère également simple pour l’un ou l’autre sexe & genre … et, sans doute, également pas si facile que cela à intégrer dans leur quotidien, respectif et commun.

« La & Le » … : voici une exception puisque d’habitude je m’en tiens aux règles de grammaire … française. Pour désigner cette « non-chose », cet espace d’accueil central, illimité et inconditionnel, il faudrait un genre neutre … qui n’existe pas dans notre langue.

¹ – Tout bien réfléchi, dans l’histoire de ma modeste recherche spirituelle, Marie Balmary représente la deuxième femme qui aura eu et a toujours autant d’importance. La plupart des personnes, fréquentées vives ou mortes, qui ont compté auparavant dans la transmission dont j’ai bénéficié étaient des hommes : Aldous Huxley, Boris Tatzky, Arnaud Desjardins, Svâmi Prajnanpad, Alain Bayod, Douglas Harding …

La première, celle qui aura rendu cette aventure possible, c’est Claudie Bayod, une autre spécialiste des « profondeurs ». Tout comme Marie Balmary, quand elle avait trouvé un « os »elle ne le lâchait pas facilement. Qu’il me soit permis ici de lui exprimer une fois de plus toute ma gratitude et toute mon amitié.

Quant à mon adorable femme et à ma « très sainte » mère … je n’en dirai rien !

² – « Majeure » … : il faudrait bien des pages pour expliciter cette qualification. Contentons-nous d’y réfléchir en silence, de méditer l’importance de cette « moitié de l’humanité ».

« Moitié : une des deux parties égales d’un tout », selon la définition communément admise. Si l’Humain véritable, le Sujet parlant en Première Personne, l’Être qui a recouvré son Visage Originel, qui demeure dans le « Royaume », … est ce « Tout », ce « Non-deux » dont la réalisation ici et maintenant constitue notre destin et notre dignité, alors la reconnaissance et le respect absolu « des deux parties égales » sont la clé de ce Tout. Bref, pas d’accès à l’humain sans égalité des sexes, c’est aussi simple et exigeant que ça … et c’est ce qui est écrit dans la Bible.

Ce qui précède est un peu plus facile à comprendre en considérant que … deux est la moitié de Un !

Et ce qui précède est évident lors de l’expérience du tube, avec un visage de l’autre sexe là-bas en périphérie à l’autre extrémité du tube. Mais n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !

³ -Le « Freud bashing » semble à la mode, même de la part de ceux qui ne l’ont pas lu avec une grande attention … Lisez plutôt, ou au moins aussi, « L’Homme aux statues – Freud et la faute cachée du père » (ré-Éditions Grasset 1997) et « Freud jusqu’à Dieu » (Éditions Actes Sud 2010), tous deux de Marie Balmary. « Tout est bon chez elle, y-a rien à jeter … » !

Marie Balmary applique à la vie de Freud sa propre méthode, ce qui constitue sans doute le meilleur hommage qu’il soit possible de lui rendre. Lisez, vérifiez !

4 – Je ne détaillerai pas les commentaires, au risque de me perdre dans un de ces textes interminables dont j’ai le secret ; mon réservoir de brouillons en déborde déjà ! Vous trouverez facilement les ouvrages de Marie Balmary et ceux d’André Chouraqui sont disponibles en ligne. Sachez cependant qu’il est préférable de lire ces derniers en parallèle d’une édition un peu plus classique. Bonnes et heureuses lectures !

5 – Extraordinaire formulation dont il est conseillé d’user et d’abuser ! Combien d’exemples de désastres, petits ou grands, imputables aux décisions d’hommes qui n’eurent pas la chance de disposer de cette « aide contre » eux-mêmes, ou pas l’intelligence d’entendre et d’écouter cet inestimable présent.

Mais tentons d’aller jusqu’au bout de l’histoire : l’homme a besoin d’une femme « autre », pas d’un clone de lui-même. Et la femme a besoin d’un homme « autre », pas d’un clone d’elle-même. S’il doit y avoir un avenir, il passe nécessairement par le dialogue de Sujets en Première Personne, aussi différenciés en périphérie que Non-deux au Centre.

 

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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