N’ayant pas (encore) lu l’« Éloge de la gentillesse » d’Emmanuel Jaffelin, j’ignore s’il mentionne dans son ouvrage cette remarque, pleine d’humilité et un peu désabusée, d’Aldous Huxley :
« Il est plutôt embarrassant de s’être occupé toute sa vie du problème humain et de ne trouver finalement à dire que : Essayez d’être un peu plus gentils. »
(Rapporté par Huston Smith dans son introduction à « Dieu et moi – Essais sur la mystique, la religion et la spiritualité » – Points Sagesses n°165)
Mais je ne pense pas que ce soit le cas.
En effet, en plus d’avoir eu la mauvaise idée de décéder incognito le 22/11/63, jour de l’assassinat de John F. Kennedy, Huxley présente deux défauts majeurs pour la tradition intellectuelle française : avoir été un touche à tout de génie et un pragmatique bien décidé à explorer toutes les voies permettant d’incarner une vérité.
Impossible de parvenir à le classer dans une catégorie raisonnable … autant considérer qu’il n’existe pas ! Quasiment rien en langue française sur la toile. Deux sites intéressants : huxley.net et soma web et aussi celui d’un centre de recherche anglophone de l’université allemande de Münster.
Par bonheur, ses livres permettent de partager sa connaissance, à la fois très large et très profonde, des expressions majeures de la « Philosophie éternelle », connaissance labourée tout au long de sa vie et parvenue à un stade avancé de compréhension.
En évoquant cette notion de gentillesse, il savait pertinemment ce qu’il faisait, il se situait bien en-deçà des calculs mesquins d’aujourd’hui, du style : être gentil ou être vrai ?, modérer temporairement le culte idolâtre rendu à l’ego, accepter ponctuellement quelques éclairs de lucidité empathique pour détendre des rapports sociaux raidis par la « crise », bricoler une morale minimale pour une époque de petitesse, mal disposée envers la sagesse et la sainteté, …
Ces demi-mesures sont bien incapables de sortir l’homme de son statut de « singe en colère qui fait pleurer les anges ». Et ne parlons pas de la « journée de la gentillesse » …
Non, seul un saut radical dans cette noblesse de cœur, qui est notre dignité de naissance à tous, seul le fait de revenir consciemment à notre « essence transparente » et d’y demeurer permettra de sortir de l’impasse de plus en plus étroite dans laquelle nous persistons à nous fourvoyer.
Alors l’« homme noble » sera établi dans la vérité de sa nature d’espace d’accueil inconditionnel … Des relations réellement humaines seront enfin possibles et la question de la gentillesse ne se posera même plus !
La Vision du Soi selon Douglas Harding constitue une aide décisive pour ce projet réaliste, et de nombreux essais d’Aldous Huxley peuvent contribuer à l’étayer. Vérifiez !
Cordialement