Les Amis de l’Ami, l’association qui prolonge l’enseignement d’Yvan Amar (0) a publié le 19 mars 2017 ce magnifique poème :
« O Toi qui es venu dans le fond de mon cœur
Donne-moi d’être attentif
Donne-moi d’être attentif
Seulement à ce fond de mon cœur
O Toi qui es mon hôte dans le fond de mon cœur
Donne-moi de pénétrer moi-même
Dans ce fond de mon cœur.
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
Donne-moi de m’asseoir, de m’asseoir en paix
Dans ce fond, dans ce fond de mon cœur
O toi qui seul habites dans le fond de mon cœur
Donne-moi de plonger, de plonger et de me perdre
En ce fond, du fond de mon cœur.
O Toi qui es tout seul dans le fond de mon cœur
Donne-moi de disparaître, de disparaître en Toi
Dans le fond, dans le fond de mon cœur.
Dans le fond de mon cœur. »
Yvan
Cordialement
0 – Cf. le premier article de volte-espace évoquant la parenté & complicité d’Yvan Amar et de Douglas Harding.
NB : Comme je me vois mal truffer ce poème de renvois à des notes de bas de page, je vous livre ci-dessous quelques remarques en vrac … Aucune ne vient amoindrir de quelque façon mon admiration pour le poème et plus globalement pour Yvan. Les mots mis en gras relèvent d’ailleurs de ma seule responsabilité.
- ce « Toi » a toujours été dans le fond de mon cœur, c’est « moi » qui en était absent. Le « moi » habituel, l’ego, peut-il d’ailleurs jamais être présent en cet endroit … ?
- impossible de ne pas associer ce « fond de mon cœur » au Journal intime du moine chrétien & sannyâsî hindou Henri Le Saux & Abhishiktânanda qui porte le beau titre « La montée au fond du cœur », aux Éditions O.E.I.L. 1986. En dépit des nombreuses mises en garde envers un Journal qui n’aurait pas été destiné à être publié, qui demeurerait inachevé, … lire ce texte constitue un partage avec une grande expérience de vie.
- je comprends ce « … attentif Seulement … » parce que nous sommes généralement si désespérément inattentifs à cette dimension intérieure, pour ne pas dire quasi totalement ignorants de son existence. Mais … il me semblerait plus juste de remplacer « seulement » par « d’abord » ou « premièrement ». Cette proposition rejoint ce qu’énonce le logion 3 de l’évangile de Thomas :
« … Le Royaume : il est à l’intérieur de vous et il est à l’extérieur de vous. … »
- … et, bien sûr, ce geste si important de la Vision du Soi qui est une Vision & Attention à double sens.
- « hôte » : choix aussi subtil que judicieux puisque ce mot désigne dans notre langue celui qui donne & reçoit l’hospitalité. Cela, ce contenant ultime, cet espace d’accueil illimité et inconditionnel, … héberge le « je » qui l’héberge … ! C’est inconcevable, in-conceptualisable, et c’est très bien ainsi dans la mesure où il est finalement si simple de le Voir & si logique de le vivre.
- « pénétrer » : effectivement il ne se passe pas grand chose en surface, il est nécessaire de creuser, comme le répètent à peu près tous les auteurs de la Philosophie Éternelle … jusqu’à Marie Balmary !
- « s’asseoir en paix Dans ce fond, dans ce fond de mon cœur » : ne serait-ce pas là une excellent définition de la méditation véritable, loin, très loin des réductions techniques, corporelles & psychologiques, qui ont le vent en poupe ? Une autre excellente définition, si tant est que la méditation se laisse « définir », est également de la main d’Yvan, dans « Les nourritures silencieuses » :
« La méditation est le lieu où l’univers se réjouit d’être l’univers. »
- « seul » : avec Michel Fromaget, il est possible d’écrire que seul l’Esprit est central et que Corps & Âme demeurent périphériques. Les expériences mises au point par Douglas Harding permettent de Voir cela clairement … essayez, vérifiez !
- « plonger » : ce verbe ajoute une précision au verbe « pénétrer », puisqu’il s’agit d’une décision de tout ou rien, d’un éveil subit. Il n’est pas possible de « plonger » plus ou moins, mettons à 55% … Cette dé-couverte initiale ne saurait être progressive, même si son intégration ultérieure, pour la plupart d’entre nous, le sera.
- « … tout seul dans le fond de mon cœur Donne-moi de disparaître … » : le fait, d’expérience, qu’en Réalité il n’est que l’Un « dans le fond de mon cœur » rejoint cette notion de « kaivalya » qui constitue le dernier chapitre des Yoga Sûtras. Notion qui, soit dit en passant, ne doit guère être abordée dans un cours de yoga « classique » occidental … mais c’est une autre histoire. Et si l’ego « disparaît » effectivement, c’est aussi & surtout d’une renaissance de la personne, du sujet véritable qu’il s’agit. Si ce projet vous intéresse sérieusement, si vous souhaitez compléter « l’image » par la « ressemblance », alors la Vision du Soi selon Douglas Harding peut vous apporter beaucoup. Notamment via l’utilisation, concrète, d’un « tunnel » semblable à celui qui illustre le poème d’Yvan sur le site des Amis de l’Ami. Mais n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !