Voici la première d’une série de cinquante deux réflexions de Carolyn Baker, qui constituent la deuxième partie de son livre « L’effondrement ». Ces 52 réflexions hebdomadaires sur l’effondrement de la civilisation industrielle sont publiées sous la rubrique « Carolyn Baker » du site internet du Réseau Transition Québec (0).
« Ce que nous avons¹ maintenant
N’est pas imaginaire.
Ce n’est ni le chagrin ni la joie.
Pas un état de jugement
Ni une exaltation
Ni la tristesse.
Ceux-là vont et viennent.
Mais pas la présence. »
Rûmî
&
« Quelle est cette présence dont parle Rûmî ?
Les mots sacré, esprit² et transcendant sont parfois utilisés comme synonymes. Tous trois indiquent la proximité de quelque chose de plus grand que le mental rationnel et l’ego humain. Dans cet extrait de l’un des plus longs poèmes de Rûmî, il nous assure que la présence est éternelle, ne flanche jamais et ne disparaît jamais. Peu importe comment nous nous sentons, ce qui nous préoccupe mentalement ou dans quel état est notre condition physique, que nous soyons conscients de la présence ou pas, elle reste. La présence est toujours avec nous, même dans le contexte actuel de dépérissement et même si nous ne sommes qu’à l’occasion avec elle.
Nous pouvons connecter consciemment avec³ la présence par la méditation, par une relation intentionnelle avec la nature ou en nous laissant faire l’expérience de la beauté à travers l’art, la musique, la poésie ou d’autres formes d’expression créatrice qui permettent à la beauté de nous toucher et de nous inspirer. Nous ne pouvons pas contrôler notre expérience de la présence (4), mais nous pouvons lui demander de nous rendre visite et nous pouvons nous ouvrir à toutes les façons dont elle se manifeste. Comme le Jacob de la Bible qui, en se débattant avec un ange cria : « Je ne te laisserai pas aller, jusqu’à ce que tu me bénisses », nous devons être prêts à être présent à la présence. En étant pleinement ouverts, nous pourrions être étonnés par le cadeau de la présence, un cadeau qui nous imprègne de gratitude et d’humilité.
Allez-vous prendre le temps aujourd’hui d’être présents à la présence ? Tout le reste va et vient, mais pas la présence. »
Cordialement
0 – Les initiatives de transition sont nées en Angleterre à l’initiative de Rob Hopkins. Il existe donc un site anglais, of course, mais aussi des sites français, belge, locaux …
La transition doit beaucoup à Ernst Friedrich Schumacher évoqué ici et là.
Cette démarche intelligente, nécessaire et incontournable intègre la dimension psychologique, mais encore insuffisamment à mon avis la dimension première qui est spirituelle. La Vision du Soi selon Douglas Harding serait en mesure de venir combler cette lacune …
¹ – Cet extrait de Rûmî est dépourvu de référence et ma connaissance de son œuvre est trop lacunaire pour le retrouver aisément … Mais il est clair que nous sommes cette Présence, nous ne « l’avons » pas. « Présence » est un autre mot pour désigner cet espace d’accueil illimité et inconditionnel, notre Vraie Nature à tous.
² – Le mot « esprit » est ici bien distingué du « mental rationnel et de l’ego humain ». Mais c’est très rarement le cas, et dans cette confusion généralisée, la formulation Corps & Âme -Esprit de Michel Fromaget m’apparaît chaque jour plus pertinente … et utile. Vérifiez !
³ – « Connecter consciemment avec la présence … » : la traduction n’est pas des plus heureuses, et n’est donc pas de nature à faciliter la « chose ». A la question « comment faire ? », Douglas Harding a génialement répondu par une batterie d’expériences – simples, concrètes, joyeuses – permettant de Voir clairement que notre réalité la plus centrale est cette « présence » immuable, en-deçà des paires d’opposés qui dominent en périphérie.
Pour la plupart, ces expériences constituent également des outils pour demeurer dans la « présence ». Essayez, vérifiez !
4 – « Nous ne pouvons pas contrôler notre expérience de la présence » … ? La « présence » nous dispense justement de cette obligation du « contrôle » par l’ego qui nous a été instillée tout au long de notre éducation. L’éveil à cette réalité d’espace d’accueil illimité et inconditionnel nous dégage aussi peu à peu de l’usage, en général immodéré, des pronoms et adjectifs possessifs : le Rien & Tout n’en a plus guère besoin !
La Vision du Soi n’est en aucune façon une baguette magique, mais elle simplifie de manière exceptionnelle cette expérience si nécessaire de la « présence ». N’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !
Vérifiez notamment si vous êtes vraiment « at ease » (à l’aise), dans un état de « complete release of all tensions » ainsi que le formulait Svâmi Prajnanpad.