C’est en écoutant une émission de France Culture début juin que j’ai découvert ce livre de Vaiju Naravane, Transgressions.
Pour l’instant je n’en ai encore lu que l’extrait proposé dans le lien ci-dessous¹, mais je suis heureux de l’existence de ce livre qui permet de tempérer quelque peu cette « indomanie »², souvent assez mal informée, invasive dans de nombreux milieux prétendument spirituels.
J’ai partagé un temps cette fâcheuse inclination, mais j’en suis assez rapidement sorti grâce, d’une part, à Jean-Yves Leloup. Dans « L’absurde et la grâce », celui-ci relate notamment cet épisode marquant de sa vie de routard spirituel : alors qu’il se dirige vers une Inde fantasmée, qu’il imagine majoritairement peuplée de Ramana Maharshi, il croise à Istanbul un jeune hindou lancé très exactement sur le parcours inverse, vers une Europe que lui imagine peuplée de St-François d’Assise ! Leur rencontre fut l’occasion d’un retour au réel aussi rude que salutaire.
Et d’autre part, ultérieurement, grâce à Arnaud Desjardins, fin connaisseur de l’Inde, et aux écrits de son maître, Svami Prajnanpad.
Oui, tout comme la plupart des autres, l’Inde est une société complexe qui présente une face sombre assez considérable. Le prétendu pays de la non-violence (ahimsa) s’avère au moins aussi violent que le prétendu pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, notre « douce » France, est en réalité inégalitaire et assez peu fraternel … Ces deux « grandes » démocraties commercent plus dans le domaine des armes en tous genres – contrat des 36 Rafales – que dans celui de la philosophie et de la spiritualité …
Dans ce roman, les deux pays se « retrouvent » sur le terrain de la violence faite aux femmes, puisque Vaiju Naravane a trouvé son inspiration initiale dans le meurtre de Marie Trintignant …
Rien ne serait moins spirituel que de fermer volontairement les yeux sur la réalité. Rien ne serait plus contraire à la devise de l’Inde : « Seule la vérité triomphe », que d’ignorer ce qui se passe derrière la façade « potemkine » des brochures touristiques …
La leçon du pays des anciens rishis, c’est à dire avant tout des voyants qui établirent le véda, c’est que le fait de ne pas voir, l’aveuglement (avidya, également traduit par ignorance) est l’impasse majeure, l’erreur absolue, l’équivalent de notre « péché contre l’Esprit ».
Seul « L’art de voir », seule une ferme volonté de considérer les choses « Les yeux ouverts » permettent de s’établir sur « le terrain solide du Voir », fondement de « La vérité du bonheur »³.
En fait, Voir est la leçon essentielle que Douglas Harding a ramenée d’Inde et qu’il a transcrite dans les expériences de la Vision du Soi. N’en croyez donc pas un traître mot, venez plutôt vérifier – Voir – dans un atelier.
Cordialement
¹ – Éditions du Seuil, Cadre vert, 09/04/2015. Traduit par Dominique Vitalyos.
Cf. également cette présentation sur TV 5 Monde.
² – Je ne détaille pas, je pense que vous l’avez constatée comme moi. Elle fluctue au gré des modes, qui mettent tour à tour en avant le zen, diverses traditions chinoises, etc … Dans les derniers temps, un ministre et une journée mondiale du yoga … Business as usual !
³ – Lettres de Svami Prajnanpad à ses disciples – Tome 1 : « L’art de voir » – Tome 2 : « Les yeux ouverts » – Tome 3 : « La vérité du bonheur ».
Éditions L’Originel