J’ai récemment entendu sur France Culture une émission où il était question d’amour … et de cette retentissante citation :
« L’amour c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas. »
Même si cet illustre psychanalyste était friand de bons mots, j’ai fait l’effort de rester sobre pour le titre de cet article … Vous imaginez sans mal ce que j’aurais pu écrire pour souligner à quel point cette citation est imprécise et erronée … !
Imprécise : de quel « amour » est-il question ? Éros, philia, agape ? D’un mélange de deux ou trois de ces composantes … ? Dans quelles proportions … ? D’un amour conditionnel … ou inconditionné ?
Erronée :
- l’amour ne relève pas du champ du verbe « avoir ». Il est tout entier du coté du verbe « être ». Il est possible de donner beaucoup de « choses » que l’on a ou que l’on pense avoir, mais en aucune façon de l’amour.
- si « quelqu’un ne veut pas » d’amour, c’est qu’il sait, qu’il sent, qu’il voit, … que l’on ne lui propose qu’un pseudo « amour » sous le mode « avoir » : je t’aimerais si … et/ou je t’aimerais quand … Bref, je ne t’aime pas sur le seul registre possible pour l’amour véritable : Je Suis Amour inconditionnel et illimité pour toi … et en général pour tout ce qui se présente. Un Oui à 100 %. C’est cet Amour là que tout un chacun recherche désespérément dans toutes ses actes, même les plus insensés & désespérés, qu’il en soit conscient ou pas … C’est le véritable moteur de … tout !
- « Mais cet amour là relève du fantasme, vous prenez vos désirs pour des réalités mon bon ami » risquerait de me dire un brave psy bien intentionné … Et je lui répondrai alors : « Mais pas du tout, ayez donc l’audace de participer à un atelier de Vision du Soi selon Douglas Harding, et nous en reparlerons » … !
La Vision ce n’est en effet pas un « discours » mais d’abord et essentiellement des expériences à pratiquer, une première fois lors d’un atelier, et à transformer ensuite en exercice régulier pour en faire peu à peu une seconde nature, en réalité pour réintégrer notre Vraie nature d’espace d’accueil – fondement de l’Amour … ? – illimité et inconditionnel, notre Visage Originel, …
Et la Vision ce n’est pas non plus du « semblant » : c’est une méthode d’accès simple, direct, efficace, sans échappatoire, à ces vérités immémoriales de la philosophie éternelle, assez bien résumées dans cette « hypothèse de travail minimale » rédigée par Aldous Huxley. C’est justement parce que ce n’est pas du « semblant » que la Vision a tant de mal à trouver la place qu’elle mérite … Si vous souhaitez continuer à faire semblant, un bon conseil : évitez la Vision.
« Beaucoup se tiennent autour du puits mais il n’y a personne pour y descendre. »
Évangile de Thomas, logion 74
Cordialement
NB : je ne connais pas l’œuvre de Jacques Lacan … Mais ce qu’écrit Marie Balmary sur lui dans la présentation de son ouvrage « Le moine et la psychanalyste » ne me donne guère envie d’en savoir plus. Il y a sans doute bien plus à apprendre de son frère, Marc-François Lacan, moine bénédictin à Hautecombe puis à Ganagobie.
2 réponses sur « Lacanerie 1 »
LACANERIE
« Peut-être ! » Disait-il avec parcimonie ;
Comme encouragement à faire confession ;
De turpitudes nées d’accepter simonie
Pour avoir des curés obvié profession.
Dissertateur narquois contre ces haruspices
Qui avaient fait de moi, trop tôt ou bien trop tard,
Couillon décervelé priant à Saint Sulpice
Où, dans les bénitiers, j’élevais des têtards ;
Il me dit : « Pour leur queue ? d’une voix monocorde.
– Oui ! car ils la perdront, rétorquais-je méchant
-Soit ! » argumentât-il, et je fus en discorde
Avec un curieux moi éructant en plain-chant
Des choses jamais dites à aucun confesseur,
Puzzle d’intimités jetées à la va-vite
Au clair obscur d’un autre, bien curieux assesseur
D’un Dieu qui sans juger vous fait toujours l’invite
De tendre l’autre joue lorsqu’on vous a frappé !
De ce comportement viendrait la différence
Entre hypocrites aigris, viril apocopé
Et bigots subjugués par cette incohérence
D’apôtres assujettis comme des arapèdes
Au mal, et même au bien, en faisant abstraction
Des choses de la vie montrant que les bipèdes
Aux notions de péchés n’arguent que contrition.
Il faille, sans pudeur, chez un psychanalyste,
Avec ou sans allant, s’aller déboutonner
Et que dans votre dos ce curieux analyste
Qui glousse ou atermoie sans jamais sermonner.
Se lève, obséquieux, vous demandant de voir,
Ce qu’il va dévoiler in naturalibus
Pour qu’ès matières vous, fasse ramentevoir
Ce qui fût en exergue thèse du Syllabus.
« C’est la vraie ; me dit-il, L’Origine du Monde. »
Et faisant coulisser un panneau de bois peint
Il dévoila séant une chatte redonde
Qui, sur le clitoris, arborait un repeint.
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18/10/2004
Cher Sabatier (désolé mais je ne dispose pas d’un prénom avec certitude),
Tout d’abord merci pour ce poème en guise de commentaire à ma Lacanerie 1. Pardonnez-moi de ne pas y avoir apporté de réponse plus rapidement, mais il me fallait d’abord trouver une image en réponse au célébrissime « nu sans tête » de Gustave Courbet, « L’Origine du Monde ». C’est fait. Mais impossible de l’insérer dans ce commentaire. Vous trouverez donc tout le développement dans Lacanerie 2 – L’Origine du Monde … la vraie.
Cordialement
Jean-Marc