Par les temps qui ne courent plus guère, il n’est sans doute pas inutile de lire ces quelques textes de Frédéric Lordon :
« … Indice parfait de ce que les élites néolibérales sont déterminées à ignorer les leçons les plus évidentes et les plus violentes de la réalité pour aller au bout du bout du profit, déterminées à ignorer le désastre environnemental qui vient comme le désastre financier qui revient, on se voit aujourd’hui à réécrire exactement ce qu’on écrivait il y a douze ans au moment de la crise des subprimes … »
« Les connards qui nous gouvernent »
« … En fait, tout ce pouvoir, s’il lui était resté deux sous de dignité, aurait dû endosser le désastre déjà annoncé en face du public, reconnaître n’avoir rien compris ni à ce que c’est que vivre en collectivité ni à ce que l’époque appelle. Dans ces conditions, il aurait dû se rétrograder au rang de serviteur intérimaire, de fait en charge de la situation, pour annoncer qu’il se démettrait sitôt la crise passée. Tout le monde a compris que ça n’est pas exactement ce chemin que « ceux qui nous gouvernent » ont l’intention d’emprunter. Disons-leur quand même que, sur ce chemin, ils seront attendus au tournant. »
« Le mot était faible. À l’évidence, « connards », ça n’était pas suffisant – pour tout dire, on le pressentait. Il faut bien l’avouer, le vocabulaire nous met au défi. C’est qu’il y a trop de choses à saisir pour un seul mot.
On lit de plus en plus : « criminel ». Et c’est certainement une bonne chose en toute généralité qu’on ne s’interdise plus de qualifier ainsi des politiques publiques. Dont, pour certaines, nous savons qu’elles tuent, dont il a été déjà maintes fois dit qu’elles tuent, et dont la poursuite avec acharnement, en connaissance d’effet, peut difficilement, dans ces conditions, être qualifiée autrement que de « criminelle ». … »
… et de guetter les suivants.
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Rappel concernant le blog « La pompe à phynance » :
« De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’État – dont on rappellera qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations.
Frédéric Lordon est économiste et philosophe. Les vues qu’il exprime ici sont de sa seule responsabilité et n’engagent personne d’autre. Il est notamment l’auteur de « Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières », Raisons d’agir, 2008 ; « Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza », La Fabrique, 2010 ; « D’un retournement l’autre », Seuil, 2011 ; « La société des affects », Seuil, 2013 ; et « Imperium. Structures et affects des corps politiques », La Fabrique, 2015. »
Cordialement
NB : quelques commentaires à venir en lien avec la Vision du Soi selon Douglas Harding. Patience !