« Je rêve de l’ours. Une fois de plus, il sort de le forêt, la démarche traînante. Une fois de plus, il se dirige vers moi d’un pas pesant. Mais cette fois, bien que je sois morte de peur, ma peur est d’une autre sorte, et je me rends compte que soit je ne m’attends pas à ce que le face à face se solde par ma mort, soit l’idée de mourir ne m’embête pas autant qu’autrefois.
L’ours se penche à nouveau sur moi. Mais, au lieu de me lécher, il ouvre sa grande gueule devant mon visage, si grande que toute ma tête se retrouve à l’intérieur de sa bouche et je regarde le sombre tunnel que forme sa gorge. Je sens ses crocs contre mon cou, et je sais qu’il m’a arraché la tête. Mais quand il écarte sa bouche de mes épaules vides, je vois le monde aussi bien qu’avant – en fait, les choses ont une clarté que je n’avais jamais imaginé avant, et je pense, Quel effort c’était de traîner ma tête avec moi pendant si longtemps. »
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Cordialement
Superbe livre. Mais j’avoue que le dessin de Douglas Harding n’y figure pas !
Certains aspects de cette expérience extrême ne me semblent pas toujours très réalistes, mais l’ensemble du récit est néanmoins passionnant. Deux mandats successifs du Président Trump vont sans doute rapprocher les États-Unis de cette situation d’effondrement … d’où le regain d’intérêt actuel pour ce livre déjà ancien : 1996.
« Into the forest », traduit de l’anglais par Josette Chicheportiche, éd. Gallmeister, 302 p., 23,50 €.