
« Les anciens chinois, les taoïstes d’autrefois, avaient un mot – chên yun – pour désigner le rythme spirituel qui résulte du contact direct avec la nature.
Du chên yun, naissait chez le poète la joie en elle-même ineffable, qu’il traduisait en décrivant le plus objectivement possible le cadre où il l’avait ressentie, et dont l’évocation impersonnelle devait provoquer chez le lecteur réaction identique ; c’est à la rencontre du chên yun qu’allait le solitaire dans les bois et les montagnes désertes, c’est de lui qu’il tirait quotidienne pâture.
Car il ne pouvait exister de vie spirituelle qui ne fut conforme, accordée à la vie de la nature, et comme confondue avec elle.
Le simple et le saint, le sage et le sauvage ainsi se rejoignaient ; le but lointain que le héros de la civilisation, par-delà mille détours, mille artifices, visait n’était autre que le retour à la divine simplicité perdue.
Le christianisme, dès son départ ou presque, a suivi la démarche exactement opposée, engageant ainsi, en toute ignorance, le destin de l’humanité toute entière. »
« L’homme dans les bois »
Dimanche 19 mai
Éditions Stock, 1976
Cordialement
NB : il y aurait beaucoup à dire sur ce court extrait : cela viendra, mais en attendant vous avez déjà le texte à méditer.