« … Espace vide … Comme il est étrange que ce vide soit le plus puissant symbole, et de la mort, et de la vie la plus comblée, la plus intense. »
Aldous Huxley, « Île » – chapitre 10
Saut du viaduc des Sallanches – août 2014
Dans un précédent article, « Dessine-moi un atelier de Vision du Soi », j’avais écrit ceci :
Pas d’atelier sans confiance en ce Vide, cet Espace d’Accueil inconditionnel, conscient et illimité qui est notre véritable nature. Il est étonnant que certains, la plupart, continuent à se méfier de ce qu’ils sont au plus intime d’eux-mêmes, mais c’est ainsi. Il est vrai que notre société de consommation ne les aide guère, en promouvant à grand renfort de télévision et de publicité le (faux) « plein », le gavage avec des « petits riens », pour éviter à tout prix la rencontre salutaire avec le vide, « la claire lumière du vide ».
Mis à part pour les adeptes des sports aériens, les grimpeurs, alpinistes, … cette confiance au vide n’est pas des plus naturelles. Les sagesses & spiritualités traditionnelles abondent pourtant en références symboliques à un vide heureux, joyeux, … mais nous vivons désormais une « époque moderne où le progrès fait rage » et où tout cela n’est plus guère d’actualité …
En cet été 2014 si pluvieux dans les Alpes du nord, mes fils et quelques-uns de leurs amis m’ont donc gentiment convié à une rencontre salutaire et joyeuse avec le vide, à leur façon … même s’ils n’ont sans doute pas lu l’article évoqué ci-dessus.
Il y avait bien une vingtaine d’années que je n’avais plus sauté sous un pont accroché à deux cordes, mais j’ai relevé le défi … C’est toujours aussi intéressant et riche d’enseignement, même s’il m’a fallu un peu plus de temps cette fois-ci pour retrouver une entière confiance au matériel et me décider à repousser le parapet !
Dans « Île », le rite de passage des adolescents de Pala commence par d’autres jeux sur fond de vide, l’escalade et la descente en rappel, et continue par divers moyens que je vous laisse le plaisir de découvrir. L’utopie décrite par Huxley dans ce livre de 1962 vient en effet heureusement équilibrer sa dystopie du « Meilleur des mondes » de 1932, bien que cela se gâte sérieusement sur la fin …
Même si ce n’a pas encore été le cas cette fois-ci, je conserve bon espoir de compléter une prochaine séquence de saut de pont par un atelier de Vision du soi. Dès qu’une véritable demande aura été exprimée ; avant, c’est perdre son temps. Il me suffit d’être patient, car, qu’on le chérisse ou qu’on le déteste, ce vide extérieur est en correspondance, en résonance, avec cet espace d’accueil inconditionnel et illimité que nous sommes tous Ici au Centre.
Assurément un créneau porteur semble se profiler pour un nouveau type d’atelier : jouir d’un déplacement intense et (apparemment) risqué dans le vide là-bas en périphérie, et de l’immobilité et de la sécurité parfaites dans l’espace Ici au Centre, successivement d’abord, puis simultanément.
Ces braves garçons ont même évoqué un projet de high-line entre l’ancien pont et le nouveau viaduc … Mais rassurez-vous, de manière classique, pas selon celle imaginée par Jean-Claude Marol ! Je tiendrais les lecteurs de volte-espace informés.
Cordialement