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Alan Wilson Watts, l’un des pères de la contre-culture en Amérique

Avant-dernière partie de la série « Alan Watts » découverte sur le site « Révolution lente ». Le lien ci-dessous vous transporte dans une ambiance « sixties » pas désagréable. De la bonne musique y est disponible, en complément de cet article.

Sur jerryroad.over-blog.com

Alan Wilson Watts (6 janvier 1915 – 16 novembre 1973) est l’un des pères de la contre-culture en Amérique.

« Philosophe, écrivain, conférencier et expert en religion comparée, il est l’auteur de vingt-cinq livres et de nombreux articles traitant de sujets comme l’identité individuelle, la véritable nature des choses, la conscience et la recherche du bonheur (0). Dans ses ouvrages, il s’appuie sur la connaissance scientifique et sur l’enseignement des religions et des philosophies d’Orient et d’Occident (bouddhisme Zen, taoïsme, christianisme, hindouisme). Par ailleurs, il était intéressé par les nouvelles tendances apparaissant en Occident à son époque, et se fit l’apôtre d’un certain changement des mentalités quant à la société, la nature, les styles de vie et l’esthétique. Alan Watts était un autodidacte réputé et c’est son interprétation des philosophies asiatiques qui l’a rendu populaire¹.

Il apparaît comme l’un des personnages des « Clochards célestes » de Kerouac. Toutefois, comme il le déclarera lui-même dans ses « Mémoires », il était plus dans ce milieu que de ce milieu². La suppression de la Collection Denoël/Gonthier a interrompu la traduction de son œuvre en français. Elle pourrait reprendre : le besoin d’une Philosophie « en liberté » se faisant de plus en plus sentir (d’où le succès des divers ouvrages de vulgarisation philosophique – ceux-ci portant sur les grands thèmes classiques ou sur l’Histoire de la Philosophie).

La pensée d’Alan Watts est celle d’un mode d’approche de la Réalité (vient-elle du monde ou de l’esprit observant le monde ?) qui se veut dépasser l’opposition d’une philosophie qui prouve et d’une ascétique qui s’éprouve³. Cette approche libertaire implique une mise à distance de toute institution quelle qu’elle soit, et le refus de tous les bouddhismes comme de tous les christianismes. Il préconisait la philosophie perennis (telle que l’entendait Aldous Huxley dans l’ouvrage du même intitulé). Dans sa préface à « L’Identité Suprême », il rend un hommage appuyé à l’École Traditionnelle. Mais, par ailleurs, il dit aussi que l’ésotérisme n’est pas un code pour service secret, mais simplement l’intérieur des formes et des apparences.

L’association du nom d’Alan Watts à une critique radicale de la société américaine est trompeuse en ceci : le monde entier est en cours d’américanisation. C’est l’américanisme qu’il critique, de même que tous les autres « ismes » de l’idéologisme, tous les prosélytismes, académisme comme écologisme, végétarisme comme mysticisme inclus. À ses yeux, libertaire n’équivaut pas à révolutionnaire, ni critique à agression.

On peut tenir sa philosophie, sa démarche philosophique, comme taoïstes (il dégage bien l’influence taoïste dans la naissance du « Zen chinois », le Ch’an). Le Tao pouvant être considéré comme une vision et/ou vécu naturels, un « allant de soi ainsi » ou une écologie de l’étant au monde, il est peut-être à souligner que la philosophie écologique d’Alan Watts n’a strictement rien à voir avec tous les « écologismes ».

Sa pensée pourrait se résumer par l’expression d’apophatique générale. » (4)


Citations (5)

« Essayer de tout comprendre en fonction de la mémoire, du passé et des écrits, c’est comme avoir vécu l’essentiel de sa vie, le nez dans un guide touristique, sans jamais regarder le paysage. »

« Ce que nous savons par la mémoire, nous ne le savons que de seconde main. »

« Si l’univers n’a pas de signification, l’énoncé qui dit cela n’en a pas non plus. »

« Qui n’a pas la capacité de vivre dans le présent, ne peut faire de plans valables pour l’avenir. »

« L’engagement religieux irrévocable, quelle que soit la confession choisie, n’est pas seulement un suicide intellectuel, c’est aussi la négation même de la foi, puisqu’il s’agit d’un acte qui ferme l’esprit à toute nouvelle vision du monde. »

« La vision de Dieu ne s’obtient qu’en abandonnant toute croyance en une quelconque idée de Dieu. »

« Tout éveil doit nécessairement se produire spontanément, n’en déplaise à ceux qui veulent obliger les gens à devenir leurs disciples pour l’atteindre. »

« Chercher l’éveil, c’est comme utiliser ses lunettes pour les chercher. »

« Le drame de l’homme occidental vient de ce qu’il se sent séparé de l’univers. »

 

Cordialement

 

0 – Il me semble que ce bon vieil Alan s’est surtout préoccupé de « l’identité » totale – ce qui dans la Vision du Soi selon Douglas Harding est assez fidèlement représenté par le dessin ci-dessous – par notre « véritable nature » plus que par celle « des choses », et de la recherche non pas du « bonheur » au sens habituel & vague de ce mot, mais d’un bonheur non dépendant, de la « joie sans objet ».

¹ – Quand on constate la prodigieuse créativité de cet esprit curieux & ouvert, on se dit que le très coûteux système des formations, sélections, diplômes … est singulièrement inefficace. Au moins autant que le contrôle de gestion (« triangle » ci-dessous : au passage reconnaissez que parvenir à insérer ce schéma dans un article consacré à Alan Watts témoigne d’une remarquable créativité … excessive ?), dogme désormais omniprésent & omnipotent, que la pensée d’Alan Watts & toute la tradition s’efforcent, assez vainement jusqu’alors, de contrebalancer. A moins que tout cela n’ait pour véritable objectif d’empêcher l’émergence d’individus aussi singuliers qu’Alan Watts … !

² – Le premier dessin ci-dessus, la carte de ce que je suis vraiment, montre clairement la possibilité d’un chemin depuis la zone périphérique « je suis humain » vers le « Je Suis » central. Lorsque l’on incarne cette carte, lorsque l’on a réalisé qu’elle constitue notre « autoportrait », tous les « milieux » se retrouvent alors en nous … Considérable proposition que celle du « contenant ultime », alors essayez, vérifiez !

Les « Mémoires » d’Alan Watts, éditées chez Fayard en 1977, sont devenues difficiles à trouver. Il est possible de se procurer plus facilement « Alan Watts, taoïste d’occident » de Pierre Lhermite aux éditions de La Table Ronde.

³ – Phrase trop complexe pour être honnête & utile … Je dirais plutôt que les écrits d’Alan Watts permettent la pratique d’un « exercice bien ordonné sur soi-même » (une des bonnes définitions de l’ascétisme, un ascétisme vivifiant et non mortifiant) pour découvrir que « Je Suis » – comme nous tous – le « contenant ultime » du monde. Il n’est alors plus question d’une simple « approche », mais d’une totale & parfaite « silencieuse coïncidence ».

Si le sujet vous intéresse (et comment pourrait-il ne pas …!), essayez donc quelques expériences de Vision du Soi. Et ensuite relisez Alan Watts pour vérifier « s’il a bien pigé le truc » !

4 – Ou tout simplement : apophatisme. NB : j’ai inclus le lien vers l’article wikipedia, mais ce dernier est très incomplet, voir inexact dans certaines de ses définitions. Prudence donc, et cherchez au-delà si le sujet vous intéresse.

5 – Citations sans commentaire, même si certains seraient nécessaires …

NB : l’auteur de ce texte et le responsable de ce blog ne font sans doute qu’un.

 

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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