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Fondamentaux Vision du Soi

L’expérience … – Georges Bernanos

«L’expérience n’est, pour la plupart des hommes, au soir d’une longue vie, que le terme d’un long voyage autour de leur propre néant. »

Georges Bernanos

« Ainsi parlait Georges Bernanos » – 21

Arfuyen – 2019

Cordialement

 

NB : … Georges Bernanos – 21 signifie qu’il s’agit de la 21° « maxime de vie » de cet ouvrage qui en propose 375. Idem pour le n° 239 ci-dessous.

&

« Un long voyage … » qui se limite le plus souvent à l’étroite zone périphérique « je suis humain » du dessin ci-dessous, qui n’ose jamais s’aventurer à rejoindre ce « Je Suis » central qui EST pourtant notre véritable nature, notre « autoportrait » … La Seule alternative au « néant ».

La frénésie de voyages de bon nombre de nos contemporains – du plus médiocre des promène-couillons du tourisme de masse à la plus individuelle des expériences « outdoor » – ne constitue-t-elle pas une vaine tentative de différer encore un peu, voire d’éviter à jamais, cet indispensable retour au Centre, pourquoi pas par « the shortest way home » ?

N’oublions-pas que les voyages aggravent activement le dérèglement climatique et la pollution. Voyager … ? Pourquoi pas, mais uniquement « by fair means » : à pieds, à cheval, en vélo, skis de randonnée, raquettes, kayak de mer, …. ce ne sont pas les moyens « propres » qui manquent. Sans aller à l’autre bout du monde en « compensant » hypocritement son empreinte carbone … !

En d’autre temps et lieux certes, un Henry David Thoreau indiquait qu’une vie ne suffit pas à explorer les merveilles de l’univers dans un rayon de vingt kilomètres autour de chez soi … à condition d’avoir suffisamment de curiosité et d’imagination. Vingt kilomètres aller plus vingt kilomètres retour : cela fait déjà une belle journée de marche !

« Le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux. »

Jean Mistler

&

« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Hélas ! la liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles ! ». (239)

Que « la liberté » ne soit « qu’en vous », en ce « Je Suis » central qui explose aux dimensions de l’univers entier, vous en avez l’expérience si vous pratiquez la Vision du Soi selon Douglas Harding. Sinon, j’espère que ces quelques citations de Georges Bernanos vous encourageront à déjouer la « conspiration universelle ». C’est « le seul espoir ».

« Ainsi parlait Georges Bernanos », comme la plupart des livres édités par Arfuyen, est une petite merveille. Les éditions Arfuyen sont un trésor. Abonnez-vous à la Lettre du Lac Noir sans tarder.

 

 

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

19 réponses sur « L’expérience … – Georges Bernanos »

Bernanos! Je vois que vous continuez cher Jean-Marc à ratisser large dans votre Jardin spirituel, ne sachant plus peut-être à quel saint vous vouer! Permettez-moi cependant d’attirer votre attention sur quelques points saillants de la pensée de cet auteur que vous avez, semble-t-il, un peu négligés. Ainsi auriez-vous oublié que Bernanos est un auteur profondément nationaliste et patriote qui plaît infiniment à vos adversaires politiques; qu’il a été le disciple de Drumont et de Maurras, maîtres en antisémitisme qu’il n’a jamais reniés; qu’il croyait infiniment plus aux apparitions mariales, ou aux voix ayant guidé Jeanne d’Arc à qui il vouait un culte particulier, qu’aux progrès de la science et de la technique; que son antimodernisme le rattachait à une vision passéiste d’une France aux couleurs de la monarchie; qu’il entretenait une vision idéaliste du prêtre selon un cléricalisme désuet qui aujourd’hui est le problème qui se trouve au cœur des abus et des scandales qui secouent l’Eglise catholique; qu’il défendait des idées qui sont aux antipodes de celles que vous prônez en matière de vie spirituelle; qu’il aurait conspué tous vos petits maîtres en les incendiant avec sa plume acerbe qu’il utilisait comme une arme littéraire de destruction massive; qu’il ne vous aurait pas épargné dans vos convictions si syncrétistes et si peu chrétiennes; qu’il n’aurait jamais partagé avec vous vos idées et ne se serait pas reconnu dans celles de D. Harding qu’il aurait recouvert de ses sarcasmes… Bref, un homme libre sans doute, mais d’une liberté qui n’a rien à voir avec celle que vos méthodes entendent répandre et qui n’aurait pas prêté la moindre attention à vos convictions et ne se serait jamais reconnu dans votre spiritualité… On peut en tirer au moins une leçon : la question de la réciprocité, en matière de spiritualité, est toujours celle que l’on devrait se poser avant d’enrégimenter un auteur contre son gré ou en l’absence de son accord. Car si vous vous reconnaissez en Bernanos ou en certaines de ses positions, la réciproque serait-elle vraie?
J’espère que vous allez bien. Cordialement. Bruno

Bonjour Bruno,

J’espère aussi que vous êtes bien … mais à vous lire je constate que vous continuez à cultiver certains aspects négatifs de votre personnalité. Dommage.
Mon jardin spirituel est encore plus zen que les jardins zen, même plus de sable à ratisser ni de pierres à dresser ! Juste l’espace d’accueil – illimité & inconditionnel – que « Je Suis » ! Et je le laisse soigneusement en l’état : les lectures diverses n’y sont que des ornements périphériques, même si elles sont parfois bien utiles pour revenir au Centre.

Vous accumulez pas mal de reproches habituels envers ce pauvre Bernanos, et tout cela est vrai pour l’essentiel, mais il a aussi vu que l’Église ne valait que par ses saints, ce qui est quand même très bien vu. Que l’espérance est un désespoir surmonté : je lis cela dans ses attentes envers sa France idéale, et la plupart de ceux qui continuent de s’en réclamer feraient bien de le lire soigneusement … Le véritable Bernanos peut – pourrait – les réorienter vers le Centre, au-delà de ses agitations et errements politiques. Et ceci dit il a véritablement rompu avec Drumont et Maurras.
Son « antimodernisme » me plaît beaucoup : vous conviendrez que les « Lumières » et plus de deux siècles de civilisation industrielle ont conduit l’humanité au bord de la rupture, non ?

« cléricalisme désuet » : on ne peut pas juger un auteur de l’entre-deux guerres avec les critères de l’âge de metoo !

Il ne me semble pas défendre quelque collection de « petits maîtres » que ce soit : Douglas Harding est seulement l’ami de bien qui m’a appris à voir Ce Que Je Suis … C’est très différent d’une relation de maître à disciple. Personne à imiter et rien à apprendre, juste voir … juste ! Vous devriez quand même essayer pendant qu’il est encore temps !

Essayez peut-être aussi de ne pas « manger » Bernanos en me disant tout ce qu’il aurait fait me concernant. Vous n’en savez, et n’en saurez jamais, rien. « Ne pas manger l’autre », un grand principe chrétien que notre amie commune, Marie Balmary, a intelligemment remis sur le devant de la scène.

Vous savez, je ne compte rien « répandre » du tout ni « enrégimenter » qui que ce soit. J’ai passé l’âge de ces enfantillages. Si quelqu’un a d’aventure besoin de la Vision du Soi ou de la méditation dans l’esprit du zen, il peut venir et voir, je peux lui indiquer le chemin, un point c’est tout.

Mais j’espère que nous échangerons encore à propos de Bernanos.

Bonne journée

Jean Marc

Au cas où vous ne l’auriez pas reçu…

Merci à vous, cher Jean-Marc.
Je sors du Covid et suis un peu fatigué, mais ma lucidité et mon discernement n’en sont que plus aiguisés!
Sur Bernanos, il ne s’agissait nullement de le discréditer, c’est un grand auteur que j’admire, mais je sais qu’à l’instar de tous les grands esprits, il peut aussi avoir des pieds d’argile et quelques faiblesses qui sont toutes très humaines. Il faudrait s’en souvenir. Il a eu des phrases admirables, comme celle-ci : « Hitler a déshonoré l’antisémitisme ». Je comprends que son antimodernisme vous plaise, j’ai éprouvé le même genre d’engouement nostalgique. Une Eglise de saints est aussi une Eglise de purs, de prédestinés ou d’élus. Tous les courants chrétiens depuis les origines du Christianisme ont cédé à cette tentation, pour le meilleur, parfois, et souvent pour le pire. Le cléricalisme est une maladie ecclésiale qui en est issue et qui a été dénoncée au moins depuis l’époque de la Réforme. Cette tendance a joué un rôle pernicieux dans les abus, dont le principal reste l’abus d’autorité ou spirituel. Et en cela, l’Eglise a beaucoup à se reprocher, j’en sais quelque chose ayant été moi-même un clerc autrefois, dans un ordre religieux, mais aussi, enfant, victime d’un prêtre pédophile (mais ceci est loin d’expliquer cela, mes jugements critiques ne sont pas de l’ordre d’un règlement de compte avec l’institution ecclésiale, avec laquelle j’entretiens des rapports plutôt apaisés…).
VOIR! Oui, il s’agit toujours de cette fameuse vision sur laquelle j’ai pas mal écrit et qui me semble pour le moins trouble.
Figurez-vous que je suis récemment passé dans un monastère bénédictin qui fut mon premier lieu de vocation religieuse (la Pierre-qui-Vire, dans le Morvan). Et là, dans ce beau lieu très inspirant, je me suis exercé, de façon zen et même hardingienne, à la vision du Soi, pendant un long moment. Ce que j’ai éprouvé alors ressemblait exactement à ce que j’ai maintes fois vécu lors de ce type de séances méditatives, entre extase douce, illumination spirituelle, sentiment d’une présence surnaturelle, abolition des limites et des frontières psychosomatiques, sentiment de bien-être et de communion avec l’environnement, sentiment d’éternité…
Si ce moment propice fut assurément une belle expérience, il n’en demeure pas moins qu’il avait toutes les caractéristiques de ceux que j’avais connus auparavant. Et je pense que chaque expérience de ce type doit se greffer sur les autres et les réactiver, se soutenant ainsi mutuellement. Mais, en sortant de cet état, rien n’avait vraiment changé, rien n’était pour autant résolu que ce soit en moi ou au-dehors de moi… Tout était identique. Ce changement de regard intérieur concernait uniquement un état, un moment ou un lieu, mais n’était nullement déterminant pour mon existence ou celle des autres. Il n’a changé ni ma vie ni le monde.
Dans ce monastère que j’ai fréquenté pendant des années, la vision de Dieu, béatifique, comme la contemplation sous toutes ses formes y étaient privilégiées. Et bien des moines en étaient devenus des professionnels.
Or, c’est justement cet acte de voir dans sa simplicité toute spirituelle, son immédiateté apparente et pure, qui m’est apparu comme étant aussi un acte de méconnaissance du réel, un acte qui est autant de nature à illuminer celui qui s’y livre qu’à l’aveugler ou le tromper. Et c’est à partir de ce constat, malheureusement peu partagé, que mes réflexions ont progressivement émergé…
A bientôt.

Autre réponse matinale, avant d’aller déjeuner et pédaler un peu avant qu’il ne fasse vraiment trop chaud.

Bien sûr que Bernanos a ses faiblesses et ses limites, comme chacun d’entre nous. Et il s’est exprimé dans une période particulièrement « chamboulée ». Mais il offre aussi de géniales expressions concernant une grandeur possible pour l’homme, et c’est bien sûr ce que je choisis de privilégier.

Je pense que son « antimodernisme » est moins « nostalgique » que prophétique. Il a su voir très tôt, comme Thoreau ou Tolstoï, où une technoscience débridée, un « système technicien » auquel les modernes ont transféré le sacré allait mener l’humanité … A l’abîme !

Joker momentané concernant les « saints », même si ceux de Bernanos ne sont nullement « purs » ou « prédestinés ». J’essaierai de m’en expliquer lorsque je proposerai une maxime appropriée d’« Ainsi parlait Georges Bernanos ».

Si vous pensez, ou croyez, que certaine vision peut s’avérer trouble, faites donc quelques expériences de vision du soi selon Douglas Harding.
Douglas rabâchait que penser et sentir était des fonctionnements humains très fluctuants et donc assez peu fiables ; d’où son insistance sur Voir.
Dans ce que vous relatez, le mot « sentiment » revient trois fois, accompagné d’expressions qui ne favorisent pas particulièrement la clarté qui nous intéresse : « extase douce, illumination spirituelle, présence surnaturelle ». Ce que propose la Vision du Soi ne va pas dans cette direction : « Satori c’est gris » comme disait le vieux Suzuki ! Pas d’extase, mais une précision absolue. Pas une « peak experience » mais au contraire, le « terrain solide du voir ».

Je ne suis pas du tout d’accord avec vous sur l’effet cumulatif de ces expériences … « étoilées ». Quand vous Voyez, c’est toujours comme si c’était la toute première fois, ce qui est plutôt logique puisque cela advient en-deçà du temps. Voir fulgure en quelque sorte en terrain vierge, pas d’habitude, pas de souvenir, pas de « soutien », … « Esprit zen, esprit neuf, esprit de débutant » !

Qu’est-ce que cet éveil (trouvez le mot qui vous convient) change vraiment ? En fait le problème vient souvent de ce que cet éveil est considéré comme un aboutissement alors que ce n’est qu’un commencement : cf. « Les dix croyances du chercheur spirituel » de mon ami Alain Bayod.
Est-ce que cette expérience me permet de demeurer dans la « joie sans objet » chère à Jean Klein ? Si c’est le cas, c’est déjà pas mal ; je peux alors en témoigner auprès des autres, leur indiquer le chemin de la Source, du puits, … Qu’est-ce que je peux réellement faire de mieux pour mon prochain ?

La plupart des libres chercheurs spirituels évoquent la traversée d’une « nuit obscure », et Douglas ne fait pas exception. Mais il convient de … ne pas s’y établir, c’est un ultime passage qui est proposé. Difficile de mettre des mots sur cette épreuve très solitaire …

Bonne fin de semaine

Cordialement

Jean Marc

Bonjour Bruno,

Petit complément à votre précédent commentaire … le plus amical possible.

J’espère que votre Covid n’a pas été trop grave et qu’il ne laisse pas de séquelles. Vous vous souvenez peut-être que volte-espace propose une étiquette covid 19. Avec diverses « recettes » … Mais , là comme ailleurs, lire l’ordonnance sans prendre le remède ne sert à rien …

Concernant les abus (en tous genres) de l’Église, j’avais, après avoir vu apparaître le nom de ma ville au générique du film, écrit ce billet : Pour une encyclique appelant à voir le film Spotlight

J’avais trouvé cette réplique du film très juste : « s’il faut tout un village pour élever un enfant, il faut tout un village pour en abuser ».

Cordialement

Jean Marc

J’ai retrouvé, cher Jean-Marc, une citation de Bernanos qui m’a toujours infiniment plu.
La voici:
« Il est moins grave de ne pas croire en Dieu que de ne pas croire au péché originel. »
Pour ceux qui se sont confronté au mal, comme je le revendique pour moi-même à mon niveau, une telle phrase à de quoi faire imploser toutes les impostures spirituelles qui nous parlent d’une « vraie nature » originelle pure et parfaite. Notre vraie nature, et Bernanos en a été le témoin et le prophète, c’est le péché et la faute. Gare à ceux qui l’auraient oublié ou qui le nieraient !
Je travaille actuellement sur des ouvrages de trois auteurs que vous connaissez sans doute : Ph. Kapleau, maître zen américain, Jean Klein, artiste et prophète de la non-dualité, et votre cher D. Harding. Je vous enverrai cette réflexion dès qu’elle sera terminée. Bien cordialement. Bruno

Bonjour Bruno,

Vous devez commencer à savoir que « croire » n’est pas mon fort … Tout comme Douglas, je suis « short in faith ». Ce qui m’intéresse, à la suite de ce dernier et de bien d’autres, c’est de voir. Voir simplifie considérablement la plupart des débats difficiles.

Vous devez commencer aussi à connaître ma reconnaissance pour Marie Balmary et son travail sur « la faute introuvable ». Travail qui s’efforce de coller d’aussi près que possible au texte de la Genèse. Le « péché originel » est donc surtout situé dans la psyché de St-Augustin et de bien d’autres à sa suite.

Cette « vraie nature originelle pure et parfaite », il est peut-être aussi possible de la nommer Dieu (pour rester dans le contexte) et de constater que la « theosis » n’est pas une mince affaire … ? Même si Voir peut s’avérer particulièrement utile pour cette dernière !

J’ai bien sûr entendu parler de Philip Kapleau, mais je n’en ai rien lu. « Monsieur Plein » (rapporté par Yvan Amar) vaut bien entendu le détour. Quant à Douglas, il importe moins de le lire que de faire les « expériences » qu’il propose ; mais ça vous le savez depuis longtemps déjà !

Voir d’abord, et ensuite « vérifier si les experts ont bien pigé le truc » !

Belle journée

Jean Marc

Je découvre vos réponses à mes commentaires, cher Jean-Marc et je vous en remercie, comme je vous remercie de prendre le temps de dialoguer avec moi.
Ma santé est meilleure, je vous en remercie…
Je reviens d’un séjour à l’Abbaye de Landévennec en Bretagne, dans le Finistère (presqu’île de Crozon). Un lieu enchanteur, pour un monastère malheureusement en déliquescence, comme tout lieu de retraite chrétien en ce moment… Je ne sais si des spiritualités comme la méthode de D. Harding viendront prendre la relève de la foi chrétienne et de sa voie de sainteté, chère à Bernanos et à tant d’autres, mais je doute que les unes soient les compléments ou les aboutissements de l’autre. La foi n’est pas le « voir », réservé à la vision béatifique après la mort.
Il est très prétentieux d’imaginer que l’on peut aussi aisément franchir ce qui ne semble être qu’un voile sans consistance et qui est tout de même la mort…, dont personne n’est revenu…
Parmi les dix croyances énumérées par votre ami, je me retrouve dans plusieurs d’entre elles, tout en étant persuadé qu’elles ne sont nullement erronées et qu’elles correspondent parfaitement à la réalité de ceux qui se sont lancés dans une quête semblable sans se laisser abuser par les sirènes de la facilité ou les mirages de l’immédiateté. Ce sont aux affirmations pour le moins dogmatiques et verticales de votre A. Bayod qu’il faudrait pouvoir objecter et rétorquer afin faire valoir une autre « vision » de la spiritualité, plus nuancée. Mais votre ami pourrait-il seulement encore entendre un autre son de voix que la sienne, tant il semble convaincu de ses idées, dans son autosuffisance qui ne souffre ni réplique ni dialogue, ni contestation? Serait-il capable de remettre en cause ses propres croyances et ses propres vues ou visions? Personnellement, j’en doute… Je crois que, dans son cas, tous ceux qui n’adhèrent pas à sa vision doivent être considérés comme des idiots, des aveugles ou des esprits errants…
Étrange monde que le nôtre, plongé dans une Nature indifférente à nos tourments, et dont nous nous vengeons peut-être après en avoir été les esclaves pendant des millénaires. Pour ma part, toute vision de réenchantement du monde et de la vie a totalement disparu.
« Nuit mystique » ou « obscure »? Peut-être. Mais je me méfie de ces crises qui perdurent indéfiniment et finissent par prendre la forme même de l’existence, alors qu’elles étaient censées ne représenter qu’une étape sur la Voie… Et puis, il est toujours facile de prétendre en savoir plus que les autres en ce domaine, surtout lorsqu’on n’a pas traversé soi-même de semblables épreuves.
Ce que vous dites à propos des abus me semble juste. Mais si ce problème est aussi scandaleux, c’est précisément parce que l’amour, idéalisé, exalté, a été placé au cœur même de la vie chrétienne. Ce qui représente pour moi une erreur…
Je tâcherai un jour d’expliquer en quoi la vue ou le voir n’est pas l’attitude parfaite qui nous permettrait de nous soustraire à nos erreurs ou de corriger nos croyances imparfaites…
Je vous souhaite en bonne santé…
Bruno

Bonjour Bruno,

Je ne connais pas Landévennec. Qu’entendez-vous exactement par « déliquescence » ?

(Initiée à l’abbaye de Boquen, la réflexion de Bernard Besret m’intéresse toujours …)

« La foi n’est pas le « voir », réservé à la vision béatifique après la mort. » … Vaste ouverture à la réflexion et à la discussion ! Je m’amuse parfois, très sérieusement, à écrire ici que le christianisme se « résume » à deux courtes réponses de Jésus à la question : « Rabbi, … où demeures-tu ? »

« Il leur dit : « Venez et voyez. » [traduction d’André Chouraqui] « Venez et vous verrez. » [TOB] Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui ce jour là. » Jean 1, 38-39

« Philippe lui dit : « Viens et vois » [TOB et Chouraqui …] Jean 1, 46

Le christianisme, c’est pour moi d’abord et essentiellement cette expérience fondatrice consistant à Voir le lieu de liberté et de paix où il est ensuite possible de « demeurer ». Voir … et pas croire.

Peut-être que si réguliers & séculiers se recentraient sur cette transmission là, tout irait de mieux en mieux, pour eux et pour les autres … ? Mais ce serait un très vaste chantier …

Ensuite de quelle « mort » parle-t-on ? La « vie » sans la dimension de l’Esprit n’est qu’une forme de « mort », à laquelle l’éveil, la nouvelle naissance, etc … vient mettre un terme. La Vie commence après la mort d’un moi réduit aux seules dimensions du corps et du mental – illusion d’une très grande solidité, sans cesse renforcée par le mode de vie moderne. L’Orient le dit sans doute plus et mieux que l’Occident, sans pour autant le mettre beaucoup plus en pratique …

« Les dix croyances du chercheur spirituel » doivent être replacées dans leur contexte : une intervention d’Alain Bayod devant plusieurs centaines de membres de l’association des Amis d’Hauteville, support de l’enseignement d’Arnaud Desjardins. Alain, l’ami de bien qui m’a permis de découvrir la Vision du Soi, se propose de bousculer son public, de lui donner un « little push » (Svâmi Prajnânpad) … Combien de ses auditeurs, tous prétendument « chercheurs spirituels », l’auront vraiment entendu ?

Il ne me semble pas qu’il cède aux « sirènes de la facilité ou aux mirages de l’immédiateté », bien au contraire. L’éveil n’est pas si simple à atteindre, même si la Vision du Soi selon Douglas Harding facilite énormément les choses. Mais l’éveil n’est que le début du chemin … d’intégration de l’éveil.

(Réponse incomplète … que je reprendrai dans la journée. Promesse de gascon ! Je n’arriverais peut-être même pas à la compléter dans la semaine … La saison a un mois d’avance : les fruits de l’automne sont mûrs en août … ???)

Cette fausse croyance moderne que l’éveil constitue l’aboutissement définitif est un désastre : elle permet de le différer sans cesse, de le repousser toujours à demain … Le bouddhisme zen, confronté depuis l’origine à cette difficulté, propose une belle comparaison : l’éveil c’est une naissance, le processus est relativement « immédiat », mais ce qui va s’avérer long et difficile c’est la très complexe phase d’apprentissages et d’éducation qui s’ensuit … Sans éveil ? Rien, mais sans intégration de l’éveil, rien non plus.

Que prétend la Vision du Soi ? Que l’état d’éveil, notre véritable nature, n’est pas si compliqué à reconnaître et à réaliser. A condition d’essayer sincèrement, bien sûr ! Mais aussi que l’intégration reste à jamais une opération délicate, difficile, même en disposant de ses « outils » bien affûtés.

Je vous trouve bien dur avec ce brave Alain qui nous offre un travail remarquable avec sa courageuse réflexion sur ces « dix croyances » : « son autosuffisance qui ne souffre ni réplique ni dialogue, ni contestation ». N’est-ce pas ce que nous sommes en train de faire ici ensemble ? « Serait-il capable de remettre en cause ses propres croyances et ses propres vues ou visions ? » Pour bien le connaître, laissez-moi vous dire qu’il a été capable de bien des remises en cause difficile, et ce texte en est d’ailleurs une belle illustration. Combien de présents à l’assemblée générale d’Hauteville ont du se préparer à l’écouter avec la prévention qu’il n’allait pas délivrer un « pur » discours dans la lignée de Swâmi Prajnânpad et d’Arnaud, quelque chose de mélangé avec les élucubrations de ce Douglas Harding … ? Nous sommes assez peu à considérer que l’apport de Douglas consiste à « accomplir » et pas à « abolir » … Je suis convaincu que la postérité reconnaîtra Alain Bayod comme quelqu’un d’exceptionnellement courageux, et qui en a payé le prix fort …

« … une Nature indifférente à nos tourments » : pour l’instant ce serait plutôt le genre humain qui « tourmente » la Nature, au lieu de « la cultiver et la garder » … Et cette erreur ontologique là, il la paye déjà au prix fort et ça ne fait malheureusement que commencer …

« Pour ma part, toute vision de réenchantement du monde et de la vie a totalement disparu. » Ce n’est pas vraiment la peine de l’exprimer, ça transpire assez de la plupart de vos propos. Mais alors … ce n’est plus vraiment de « vie » qu’il s’agit. Il y a urgence, pour vous mais malheureusement pour beaucoup d’autres personnes aussi, à trouver et à cultiver une méthode de « réenchantement ». La Vision du Soi ou n’importe quoi d’autre …

L’épreuve de la « nuit obscure » n’est rien d’autre que celle de la confiance … de la « foi » au sens étymologique en fait. En quoi est-ce que je la place, toute entière ? Dans un « petit » corps & mental limité, ou dans un « grand » corps & mental – Esprit ? Cette phase n’a pas nécessairement vocation à durer longtemps, tout dépend de la résistance du « petit ».

Si « l’amour », peut-être ni « idéalisé, ni exalté », n’est plus « placé au cœur même de la vie chrétienne », alors il va me falloir relire quelques textes … ! Et vous devriez sans doute faire de même …

« Le voir n’est pas l’attitude parfaite … ». La Vision du Soi se veut simple, concrète, joyeuse … et nullement « parfaite ». Comme je l’écris à longueur de billets : essayez, vérifiez !

Voilà, c’est presque fini !

Merci beaucoup à vous. Juste une double remarque au sujet de la foi et du la vue, ou de la vision. Tout d’abord, que la réponse chrétienne au péché, à la souffrance et au mal, n’est pas la vertu ou la sagesse vertueuse, ni la vision du Soi. Mais c’est la foi, demandée par le Christ lui-même, et cela depuis saint Paul et saint Augustin, jusqu’à Luther et Kierkegaard. Ensuite, une citation de saint Paul lui-même : »La foi est la garantie de ce que l’on espère, la preuve de ce qu’on ne voit pas »( épître aux Hébreux 11, 1). Et il ajoute : »C’est par la foi que nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, le visible provenant ainsi de l’invisible » (11, 3). La foi permet donc de croire ce qu’on ne voit pas encore et elle supplée largement à la vision, réservée pour l’Au-delà. Ou encore à des rares personnes qui ont existé en même temps que la personne de Jésus et ont pu, de ce fait, le « voir » (on est loin de la vision du Soi…)…
J’ajouterai ceci : la vision du Soi n’est nullement vision d’un objet ni d’un Sujet, même transcendantal, mais plutôt vision du vide, de la vacuité, même si c’est une vacuité « lumineuse », voir l’invisible en somme. A l’instar de la gloire divine ou de la transcendance de Dieu.
Que des « élus » puissent voir de façon exceptionnelle cette gloire ou cette aura lumineuse, diaphane, surnaturelle, avec les yeux du cœur ou de l’esprit, pourquoi pas? Mais celle-ci n’est nullement l’effet d’une technique ou d’une ascèse, comme un automatisme ou un droit, mais plutôt celui de la grâce, qui n’est jamais réitérable, la volonté de Dieu ne se pliant pas à celle de l’homme ou à ses désirs… La foi, donc et non la vue, est ce qui demandé et même exigé par tout le christianisme. Car c’est la foi qui sauve et non la vision ou l’éveil…
Bien à vous. Bruno.

Bonjour Bruno,

Vous et d’autres « dégainez » souvent St-Paul … dont je ne suis pas un grand fan, je dois bien l’avouer, même si je reconnais ses fulgurances.
Que puis-je vous répondre d’autre que : allez-donc en Syrie, procurez-vous un cheval et partez sur le chemin de Damas … en croisant les doigts ! Il se passera peut-être « quelque chose » … qui sait ?

Dans un ancien billet j’avais déjà écrit à peu près la même chose :

« La Vision du Soi vous offre tout un panel d’expériences déjà largement testées … par d’autres ! A vous maintenant de savoir si vous voulez vraiment sortir du pétrin, à vous d’en avoir l’audace. Vous n’êtes plus obligé d’attendre … une chute de cheval sur la route de Damas, par exemple, avant de Voir ! La nouvelle habitude qu’il conviendrait de prendre c’est : « See [d’abord] and wait [ensuite] » ! »

En toilettant ce billet, je m’aperçois que c’est celui de notre premier échange … un bail !

J’ai aussi écrit ceci : « St-Paul, qui a réussi à occuper une place centrale dans le christianisme, est situé aux antipodes de Thomas. Sa vision du « Rien » consécutive à sa chute de cheval sur le chemin de Damas n’a apparemment pas servi à grand chose … ! Quelle que soit l’importance reconnue aux écrits de cet apôtre, mieux vaut ne pas oublier que son prénom romain, « Paulus », signifie « le petit », et que l’essentiel consiste plutôt à prendre conscience que nous sommes « le Grand », l’espace d’accueil illimité et inconditionnel. » (Dans ce billet).

Nous en revenons toujours au même point, Bruno : faire ou non l’expérience immédiate, abrupte, subite, d’une Vision, d’un Eveil (ou quelqu’autre nom …), et ensuite essayer de digérer cette Absolue Nouveauté, de se l’incorporer progressivement. Tant de gens ignorent tout cela et/ou s’en soucient comme de leur première paire de chaussettes … Vous, vous êtes en délicate posture, au milieu du gué … Pas l’endroit idéal en cette époque de violentes précipitations !

Bonne journée

Cordialement

Jean Marc

Re-,

Est-ce que vous connaissez cette magnifique citation de Kierkegaard :

« Toute la chrétienté (c’est-à-dire le christianisme historique tel qu’il s’est imposé) n’est autre chose que l’effort du genre humain pour retomber sur ses quatre pattes, pour se débarrasser du christianisme, en prétendant que c’est son accomplissement. »

Placée en exergue d’un non moins magnifique livre de Jacques Ellul : « La subversion du christianisme ».

Evoqué dans « Marie Balmary, psychanalyste inspirée – Sébastien Lapaque ».

Cordialement

Jean Marc

Merci pour toutes ces références…
« Au milieu du gué » : oui, c’est ainsi que l’on peut me voir en train de me débattre dans ces eaux troubles de la vison du Soi prônée par les spirituels aveuglés par leurs certitudes! Ou alors, serais-je déjà de l’autre côté, là où je vous attends vous et les vôtres, pour évoquer votre passion de la vision?
J’échange actuellement avec l’un de vos confrères : José Le Roy. Bien qu’agrégé de philo, il semble peu réceptif aux arguments rationnels et ne démord pas de la sacro-sainte « pratique ». Or, celle-ci, censée nous délivrer de l’idéologie religieuse comme de l’esprit dogmatique, est devenue à son tour, par un étrange retournement ou un détournement de la part de ses adeptes, un critère de sélection idéologique spirituel et de jugement dogmatique, un instrument au service de l’arbitraire… (je l’avais déjà constaté il y a trente ans déjà dans le zen où elle est devenue le paravent malsain de l’imposture au nom même de la posture…)
Sur saint Paul, vous adoptez la position des E. Gillabert et autre néo-gnostiques. Cette attitude est une pente de facilité, si l’on considère que cet apôtre fut le second fondateur du Christianisme avec une influence qui ne s’est pas démentie depuis vingt siècles! Pour un « petit », ce n’est pas si mal! Thomas, lui, n’a rien fondé et n’a laissé qu’un écrit redécouvert récemment, et est resté enfermé dans son sectarisme gnostique…
Kierkegaard est à manier avec prudence, car c’est lui qui a affirmé que la réponse au mal et au péché, n’est pas la vertu ni la vision, mais la foi. « Heureux ceux qui croient sans voir! » (Jean 20, 29). C’est le Christ en personne qui l’affirme. Ne serait-il pas temps de mettre enfin en exergue sur votre site ce principe universel qui dit tout de cette invention géniale que fut le Christianisme?…
Bonne suite à vous… Bruno

Bonjour Bruno,

Si les « eaux troubles de la vison du Soi prônée par les spirituels aveuglés par leurs certitudes » ne vous conviennent pas, rien ne vous interdit d’aller voir ailleurs. Quelle est-donc cette obscure motivation qui vous conduit à me « harceler » (+/- gentiment) depuis déjà pas mal de temps et à vous tourner également vers mon ami José ? Rassurez-moi, vous n’êtes pas en service commandé au moins ?

Oui, vous êtes au milieu du gué, vous prenez un malin plaisir à « souffrir votre peine et non à vous en consoler ». Je vous ai déjà écrit qu’il conviendrait de quitter au plus vite cette malheureuse posture consistant à nourrir l’amer en vous …

Je vous redis une n-ième fois que vous n’avez aucune capacité à parler de la pratique de la Vision du Soi (expériences en atelier + intégration quotidienne ultérieure) puisque vous en ignorez – volontairement – tout. Vous n’en avez qu’une « connaissance » médiate, aucune expérience … Ce n’est pas très grave en soi, mais ça devrait au moins vous amener à un peu plus de circonspection dans vos propos.

Ce que le zen et la Vision du Soi proposent, avec d’autres démarches bien entendu, c’est de dépasser le « rationnel », le « mental ». Pas de « l’abolir », plutôt de « l’accomplir ». Relisez donc Matthieu …
La véritable « posture » du zen, c’est de « vivre sans tête » ; et effectivement, cette posture-là exclut l’imposture.
CF. « The zen of seeing (extraits) – John Toler »

Tout n’est pas à jeter chez Gillabert ! Un chercheur libre et courageux.

St-Paul … le persécuteur des premiers chrétiens, c’est peut-être lui qui a jeté la 1° pierre sur Etienne, ou celle qui l’a achevé, qui sait ? Un organisateur très doué, avec des capacités et des relations, certes. Et le seul fondateur de l’-isme chrétien. Avait-on besoin de cet -isme, la bonne nouvelle, cette « invention géniale », ne suffisait-elle pas ? 20 siècles après la question est toujours d’une brûlante inactualité. Les institutions conservent un message que, globalement, elles ne comprennent plus depuis déjà longtemps … Quelle tristesse !

Thomas n’est pas si anodin que vous le prétendez : « L’évangile de Thomas. Le Royaume intérieur » – François de Borman

Vous savez, Douglas Harding est né dans un milieu chrétien, certes assez particulier, et a entretenu tout au long de sa vie un dialogue intense avec la bonne nouvelle. Il me semble que je me place aussi, beaucoup plus modestement, dans cette ligne-là. A 180°, ou peu s’en faut, du « christianisme historique tel qu’il s’est imposé » (pour reprendre les mots de Kierkegaard. Je ne suis partisan ni d’un syncrétisme généralisé ni de l’adoption d’autres sagesses & spiritualités +/- exotiques. Le message chrétien me « suffit » si j’ose dire … Mais il est d’une exigence si totale et il est si indispensable aujourd’hui, que des « moyens habiles » lui sont absolument nécessaires. Le zen et la Vision peuvent jouer ce rôle.

Le message de Jésus n’est pas … rassurant !, quoiqu’en dise le Pape François.

Belle journée

Jean Marc

Je réaffirme, cher Jean-Marc, si vous le voulez bien, quelques-unes de mes convictions :
1/ Ma motivation.
Elle s’explique par mes découvertes que j’ai faites dans ce monde de la spiritualité, au sens large, et qui ne confortent pas les principes ou les pseudo-vérités énoncés depuis des siècles. Il s’agit pour moi d’interroger celles-ci et de mettre en garde ceux qui les ont adoptées souvent sans discernement. C’est le sens de mes questionnements et de mes critiques récurrentes, qui ne sont pas seulement adressées à vous.
2/ Le tragique de l’existence.
A lire les maîtres du néo-vedanta, la vie ne serait qu’un mauvais songe, un rêve, une « farce », une « bouffonnerie » (dixit N. Maharaj lui-même). Toutes les méthodes et techniques de type yoga, méditation etc., visent à affirmer l’innocence de l’homme, ce qu’il n’est pas, et à effacer cette dimension tragique de l’existence humaine. Or, celle-ci est éminemment tragique, car elle est née d’une faute, d’un péché que notre sentiment de culpabilité dit clairement. Cette dimension tragique est inhérente à l’existence humaine, et tenter de la nier ou de l’éradiquer pour se délivrer d’un « insupportable fardeau » qui est le nôtre, est ridicule, comme le sont les méthodes de la vision sans tête qui ressemblent aux canulars de l’époque surréaliste. D’ailleurs, cette dimension tragique réapparaît, tel un retour du refoulé, dans vos articles au sujet de l’environnement, de l’avenir de la Terre et de l’humanité dont vous vous souciez beaucoup, alors qu’en bonne logique vedantique, ils devraient vous être totalement indifférents. Nier cette dimension tragique ou la noyer dans des visions mystiques est aussi une faute… En revanche, reconnaître cette faute originelle et individuelle pour tenter de l’expier ou de s’en faire pardonner (par la présence d’un Autre qui n’est pas le Soi et ses avatars…) est ce qui nous permettra de ne pas revenir dans le cycle samsarique. Tel est notre destin.
3/ Le sens de l’existence.
Celle-ci ne se dilue pas dans la vie – magma impersonnel – mais en émerge dans la douleur et la conscience de soi, comme dans celle de l’absurde du monde. Se confronter à cet absurde de l’existence pour trouver son sens ou le créer, en accepter la responsabilité, et non pas fuir dans des postures mystiques ou dans un activisme lâche et superficiel, voilà en quoi consiste notre humanité. Et en rien d’autre.
4/Pour finir, un petit conseil pratique : ne multipliez pas à l’infini vos commentaires (surtout sans index…), cela finirait par nuire à votre site ou par le rendre illisible, ce qui serait regrettable.
Si, d’aventure, d’autres découvertes majeures s’offrent à moi, je vous en ferais part…
Bien cordialement
Bruno

Bonjour Bruno,

1 – Vous ne pouvez pas postuler l’absence de « discernement » des personnes dont les écrits et pratiques ne cadrent pas avec vos « découvertes ». Ce n’est ni rationnel ni raisonnable … Surtout quand vous injectez autant de brutalité dans vos propos.

Et ce d’autant plus en ce qui concerne la Vision du Soi dont vous n’avez, je me répète, aucune expérience.

2 – Nisargadatta semble avoir été, en plus d’un grand sage, un grand cabotin.

La plupart des sagesses & spiritualités solides, christianisme compris, considèrent qu’il n’y a pas qu’une « vie », qu’un seul « niveau » de vie, mais au moins deux. Une vie réduite au « corps & mental » seulement et une grande Vie « corps & mental- Esprit ». Et que leur boulot principal, sinon essentiel, consiste à faire passer ceux que cela intéresse d’un niveau à l’autre.

Vous ne pouvez pas non plus postuler la « dimension tragique de l’existence humaine. … née d’une faute, d’un péché que notre sentiment de culpabilité dit clairement ». Cette option là n’est absolument pas universelle, ni universlisable, ce ne serait ni rationnel ni raisonnable de le penser …
Je n’éprouve aucun sentiment personnel de culpabilité ; je suis d’accord avec Marie Balmary – même contre deux mille ans de tradition – sur la « faute introuvable » au commencement et sur l’aspect strictement « balistique » du péché : manquer la cible, rater le changement de « niveau ».

Si pour vous « les méthodes de la vision sans tête ressemblent aux canulars de l’époque surréaliste », cessez d’importuner ceux pour qui elles représentent une véritable percée en matière spirituelle. Suivez votre chemin sans chercher sans cesse des poux dans l’absence de tête des autres !

Le christianisme porte une terrible responsabilité dans la situation actuelle de la biosphère. La Terre avait été confiée à l’homme pour la cultiver et la garder, pour en prendre soin. Pas pour l’exploiter à outrance. On ne peut pas dire que le christianisme se soit vraiment montré à la hauteur de cette exigence-là. Heureusement que Laudato Si vient redresser un peu la barre, même si c’est très tardivement …

3 – Pour moi toute valorisation de la douleur relève de la psychiatrie … Toutes les sagesses & spiritualités solides contribuent à soulager les souffrances évitables évitables, celle de se voir comme une toute petite chose limitée & conditionnée en premier.

4 – Volte-espace ne propose qu’une seule (non) chose : voir sa véritable Nature, son Visage Originel, son « autoportrait » … Tout le reste n’est que circonstances, « écume des choses ».

Bonne journée

Jean Marc

Bonjour Bruno,

La Vision du Soi (Sans Tête) est, effectivement, une « eu-topie ». Pas un non-lieu, un lieu qui n’existerait pas, mais un lieu « bon & vrai », un lieu du « bon & vrai » ou du moins le permettant. Comme dans « eucharistie » ou « euthanasie » … ! Ou encore « évangile » : εὐαγγελίζω …

Et comme Théodore Monod l’a écrit : « L’utopie n’est pas l’irréalisable, mais l’irréalisé. »

Moi je vous laisse à votre choix « rationnel » de ces « Lumières » qui ont construit, malheureusement, une épouvantable dystopie …

Cordialement

Jean Marc

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