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Les dix croyances du chercheur spirituel – Alain Bayod

« Suis-je ce qu’on m’a dit que j’étais ou ce que je parais être ?

Les dix croyances du chercheur spirituel

C’est sournois et vicieux une croyance et ça se cache facilement dans un petit coin (…)

Mais … “Ne vous résignez pas ! Partez en quête de terres nouvelles. Nous devons modifier le regard que nous portons sur le monde. Si vous avez des certitudes, alors obligez vous à considérer le problème sous un angle différent, même si cela paraît idiot ou absurde.”

“La paix tout de suite, pas quand…, pas si…, maintenant !”

Arnaud Desjardins

“Tout homme ne peut rien voir au delà de ses conventions habituelles. Pour voir autre chose, il doit d’abord se libérer de ses préjugés.”

Swamiji

“L’Art de Voir”,  p. 74

“Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice, le reste vous sera donné de surcroît.”

Matthieu 6, 33

“Observez les faits avec les yeux d’un petit enfant, et soyez prêt à renoncer à toutes idées préconçues.”

Thomas Henry Huxley

“L’erreur devient vérité parce qu’elle se propage et se multiplie. La vérité devient erreur parce que nul ne la voit.”

Gandhi

“La majorité des hommes mène une vie de calme désespoir.”

Henry David Thoreau

“Ne vous résignez pas ! Partez en quête de terres nouvelles. Nous devons modifier le regard que nous portons sur le monde. Si vous avez des certitudes, alors obligez vous à considérer le problème sous un angle différent, même si cela paraît idiot ou absurde.”

N.H Kleinbaum

Le cercle des poètes disparus

&

Peut être bien pour paraphraser Thoreau que la majorité des “chercheurs spirituels” mène une vie de calme résignation¹. Pourquoi ? Parce qu’ils sont imbibés de croyances totalement inhibantes, croyances malheureusement élevées au rang de certitudes évidemment non remises en cause et encore, dans le meilleur des cas.

Car la plupart du temps ces croyances sont de sournoises et efficaces manipulatrices qui agissent dans l’ombre. Voici les dix principales croyances ou certitudes chéries par la grande majorité des chercheurs dits spirituels, nous essayerons ensuite de découvrir qu’elles sont les vérités éternelles qui sont occultées par ces mécanismes diaboliques.

1 – Je suis une entité séparée et indépendante. (croyance de base universelle)

2 – Je suis « chercheur spirituel » à vie. (croyance de base du chercheur spirituel)

3 – La découverte du Soi est ce qu’il y a de plus difficile au monde.

4 – La découverte du Soi est le but du Chemin.

5 – La découverte du Soi ce n’est pas quelque chose de concret.

6 – La découverte du Soi passe par un perfectionnement du moi.

7 – La découverte du Soi est à réaliser dans le monde.

8 – La découverte du Soi est progressive.

9 – La découverte du Soi est une expérience mystique extraordinaire.

10 – La découverte du Soi se fait par la compréhension intellectuelle.

S’il existe un point sur lequel la majorité des instructeurs spirituels actuels s’accordent, c’est bien celui que l’on pourrait nommer “La croyance de Base”, (Croyance n° 1). C’est la lila divine, le grand jeu dans tous les sens du mot jeu², le divin divertissement dans lequel Dieu joue à se prendre pour une entité séparée, autonome, indépendante, décidante, agissante, étanche dit Daniel³. Pour pouvoir ensuite se chercher (de temps en temps !) et se retrouver (rarement). C’est la croyance de base qui se résume très simplement par :

1 – “Je suis moi untel” ou encore plus simple : “Moi je …” ou encore “Moi et …”.

Quelle erreur de penser qu’il y a de moins en moins de croyants sur cette planète, alors que la secte des “Moi-JE” compte actuellement prés de six milliards de membres ! [Et même un peu plus : 7,89 milliards d’après PopulationMondiale.com]

Mais là où les choses se compliquent c’est lorsqu’il est question de se débarrasser de cette croyance de base.

Comment sortir de la prison ?

Comment ne plus être étanche ?

Comment être “ouvert aux deux bouts” ? ou encore mieux, “ouvert de partout” ?

Comment retrouver notre véritable nature ?

Cette démarche, c’est à dire celle qui consiste à remettre en cause la croyance de base, nous l’appelons en général Voie, Chemin, Spiritualité. Et en ce qui nous concerne ici à Hauteville, le contrat spirituel proposé par Arnaud [Desjardins] depuis Le Bost est très clair : il s’agit d’une recherche, et ce qui est recherché, c’est le Soi.
Cela nous rappelle quelque chose, et oui, c’est le titre du premier livre d’Arnaud édité après l’ouverture du Bost et le titre de la série des quatre premiers. Arnaud n’a pas intitulé son livre : “Manuel de l’amélioration du Moi” mais bien “A la recherche du Soi” (4).

Le contrat apparaît de manière aussi claire dans la dénomination choisie par Swamiji pour désigner son enseignement : Adhyatma Yoga, Yoga du chemin direct vers le Soi.

Donc, nous recherchons bien quelque “chose” et ce quelque “chose” a été nommé.
Mais ce n’est pas simple pour autant car pour que le jeu soit intéressant, les règles sont un peu élaborées et les obstacles nombreux.
Ces obstacles sont en grande partie, pour ne pas dire en totalité constitués de croyances et de certitudes jamais remises en cause à propos de la recherche elle-même ou à propos du chercheur. Il est de la plus haute importance d’essayer d’exhumer ces croyances et de les mettre sérieusement en doute.

Les mettre en doute sans oublier que tous les maîtres depuis le Bouddha nous demandent de ne pas les croire sur parole et de tout vérifier, par nous-mêmes et pour nous-mêmes ce qui fait le cœur même de notre chemin.

Nous sommes et nous serons toujours la seule et unique autorité sur nous même pour la bonne et simple raison que personne jamais ne pourra être exactement là où nous sommes.

2 – Une de ces croyances, peut être la plus forte parmi les plus fortes est la suivante (Croyance n° 2) :  “Je cherche, je suis un chercheur spirituel et la raison d’être de ma recherche, c’est de chercher”.

Sous-entendu je suis chercheur à vie.
Lorsque vous avez égaré vos clés de voiture, vous les cherchez, et vous les cherchez pour les trouver.
Exemple plus dramatique donné par Arnaud, dans une foule, votre enfant est perdu, vous le recherchez toute affaire cessante jusqu’à ce que vous le trouviez.

En spiritualité, osez affirmer non pas que vous avez trouvé quoi que ce soit, mais que vous êtes bien décidé à y arriver, c’est déjà s’exposer à la suspicion, à l’incompréhension ou la moquerie. La majorité des “chercheurs spirituels” sont installés dans une espèce de fonctionnariat de la recherche où l’idée même de trouver relèverait de la mégalomanie.
Si un jour vous trouvez ce que vous cherchez, éviter d’en parler, vous risqueriez un certain nombre d’ennuis.

C’est à qui proclamera sa parfaite humilité dans l’affirmation implicite de la croyance n°2 : “Je suis un chercheur, loin de moi l’idée que je puisse devenir un trouveur, je ne mange pas de ce pain là”.

C’est Julos Beaucarne, le poète qui chantait : “Des chercheurs qui cherchent on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche”.
De Gaulle, a dit un jour au sujet de la recherche scientifique française, “Ce dont la France a besoin, ce ne sont pas des chercheurs, ce sont des trouveurs”. Peut être que le monde actuel a plus que jamais besoin de trouveurs du Cœur (5).

Il y aurait beaucoup à dire sur les avantages et autres privilèges du statut de chercheur, toutes ces belles et bonnes choses que nous pourrions perdre si nous osions trouver, si nous osions changer de statut et oser la découverte de terres nouvelles. Ne soyons pas comme l’étudiant en médecine de troisième année de l’exemple d’Arnaud, étudiant qui n’envisage en aucune façon de devenir docteur en médecine et qui considère comme normal de redoubler à l’infini.
Allons soyons sérieux et honnête avec nous-mêmes. Pourquoi cherchons nous ? Pour le plaisir finalement masochiste de la frustration ou avec le désir brûlant de la découverte, de trouver ?
Cette croyance n° 2 dans notre statut de chercheur à vie est grandement initiée et (ou) renforcée par celles qui suivent.

3 – La croyance n° 3 pourrait se formuler ainsi : “Trouver le Soi est la chose la plus difficile au monde”.

Donc, comme c’est la chose la plus difficile au monde, c’est forcément réservé à des êtres d’exception au prix d’une consécration totale et comme une espèce de récompense divine à des efforts surhumains. Sous-entendu, (très sous-entendu parce que cela serait quand même difficile de le voir en pleine lumière) : “Ce n’est pas pour moi, pauvre pécheur” ou dans le meilleur des cas, “Ce sera pour moi peut être, mais dans très, très longtemps lorsque je me serais amélioré” ce qui revient au même car je ne serais jamais assez bien amélioré, évidemment !

Si on écoute attentivement les instructeurs actuels, si on écoute attentivement Arnaud et Daniel, leur leitmotiv c’est le mot “SIMPLE” agrémenté chez Daniel de qualificatifs comme “totalement, extrêmement, effroyablement etc”.
Si on lit des phrases comme “Dieu est plus prés de moi que mes mains, que mon souffle, que ma veine jugulaire” ou celle qu’Arnaud répète si souvent : “En Lui, j’ai l’être, le mouvement et la vie” (6) on risque de se sentir un peu nul. Comment quelque “chose” de si simple, de si proche et de si évident peut être hors de notre expérience immédiate ?

Alors, nous serions donc comme des poissons dans l’eau qui n’auraient pas conscience de l’eau ?
Il y a vraiment là un problème. Et comme, nous n’arrivons pas à le résoudre, nous classons l’affaire. C’est la croyance n° 3 “Trouver le soi est la chose la plus difficile au monde”.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le chemin spirituel est sans doute une des choses les plus difficiles au monde, une de celles qui demandent une véritable consécration, une pureté d’intention sans faille mais que en réalité, le chemin ne consiste pas à trouver le Soi ! Ce qui est difficile, c’est le Chemin, pas le début du chemin.
Or, nous confondons le début du voyage, la porte d’entrée, la possibilité de commencer le voyage avec le voyage lui-même et à plus forte raison avec la fin du chemin, si tant est qu’il y en ait une …

Cette confusion est pour le moins déroutante, mais elle est en fait très grave.
Lorsque Arnaud partait en Inde par la route avec sa Land-Rover, ce n’était pas de démarrer la voiture à Paris qui était difficile, évidemment mais bien tout ce qui allait suivre. Mais sans le démarrage de la voiture, pas de voyage.
Dans cette comparaison nous dirions que c’est un préalable technique.

Quel est donc le préalable au chemin spirituel ? Préalable nécessaire pour passer du flou spirituel à la responsabilité, pour passer de la résignation frustrante à l’obligation de conscience, d’accueil et de partage.
Voilà une question qui devrait nous obséder, enfin tant que la réponse ne sera pas apparue dans sa lumineuse évidence.

4 – Et là, nous arrivons à la croyance n° 4 : “Le but du chemin spirituel est de trouver le Soi”.

Terrible croyance, soigneusement entretenue par la confusion généralisée entre une vaste collection de termes comme “éveil, libération, réalisation, délivrance, satori, métanoïa, déification, transfiguration, illumination, métamorphose, union, deuxième naissance, salut, accomplissement, sanctification, bouddhéité, libéré vivant, glorification, initiation, transfiguration, conversion, accès au royaume etc., etc.” J’en oublie certainement beaucoup et peu importe.

Ce qui importe, c’est de bien comprendre : qu’il y a une préparation au chemin spirituel une espèce de propédeutique de la voie, il y a ensuite une découverte (une initiation), et cette découverte représente très exactement le début du chemin spirituel et il y ensuite une digestion, une intégration de cette expérience première et cette digestion porte un nom : Chemin Spirituel.

C’est ça vraiment le Chemin, c’est digérer, assimiler ce qui a été découvert.

Il faut bien reconnaître que dans la majorité des cas nous appelons Chemin, ce qui n’est en réalité qu’une préparation au Chemin. Après tout, cela n’a pas d’importance, dans la mesure ou nous sommes bien clairs avec notre situation.
Sans doute faut-il rapprocher cela de ce que Swamiji appelait “candidats-disciples” !
Si on se donne la peine de chercher un peu on découvrira facilement que toutes les grandes traditions s’accordent sur ce point. Le but du Chemin spirituel n’est pas de découvrir le soi, c’est de vivre à partir du Soi.

Découvrir le Soi, c’est commencer le Chemin ! Ce n’est pas du tout la même chose !
Et digérer la découverte initiale, ce n’est pas une petite affaire, c’est la grande affaire de notre vie, la grande histoire d’AMOUR, la grande guerre Sainte, faites d’exigence, de détermination, de consécration, de doute et de partage.

J’insiste lourdement : La découverte du Soi c’est le début du chemin.

Des instructeurs spirituels comme Yvan Amar, Lee Lozovick ou comme Chandra Swami ont été on ne peut plus clairs sur ce point ; “l’éveil, c’est le début du chemin.” La tradition bouddhiste Zen ou Tibétaine est également parfaitement claire à cet égard.

Tant que nous serons dans la croyance n° 4 rien n’est véritablement possible spirituellement parlant. C’est ainsi.

Mais, comme si ce n’était pas suffisant, il y a encore d’autres croyances qui nous compliquent la vie spirituelle.

5 – La croyance n° 5, représente une des armes favorites du malin, pour contrer les efforts des pauvres petits chercheurs. Cette croyance, c’est : “Découvrir le Soi ce n’est pas concret, c’est totalement abstrait, on verra plus tard, pour le moment j’ai d’autres chats à fouetter”.

Nous sommes pendant longtemps convaincus que le but qu’Arnaud et tous les autres nous proposent, ce n’est pas d’un intérêt pratique immédiat sur notre Chemin, dans notre vie. Que ce que nous devons faire en priorité c’est gérer nos problèmes, s’occuper des désirs, des peurs, des émotions, des pensées sans se pré-occuper (c’est le mot qui convient parfaitement) du but. Et sans nous en rendre compte, nous rêvons notre spiritualité, ou plutôt, nous rêvons que notre travail horizontal, au demeurant très important, c’est un chemin spirituel. NON !

Comme le dit Daniel tant qu’il n’y a pas relation consciente à Plus Grand (7), ne parlons pas de spiritualité.
Il faudra bien que le chercheur spirituel découvre un jour que la seule chose véritablement concrète, c’est la découverte de notre véritable nature et le fait de vivre consciemment à partir de cette découverte.
Parce que cette découverte nous introduit dans le monde de la pratique subjective, c’est à dire pratiquer à partir du Sujet en tant que Sujet.
La pratique à partir du cœur, de l’axe, du centre, de l’unique sujet, de l’unique observateur que JE SUIS.
C’est la pratique non-duelle, celle où le pseudo-sujet est effacé.
C’est la découverte “initiatique” de l’accueil que Je suis, du Oui que Je suis.
Comme l’a dit un jour Yvan Amar à Hauteville, “arrêtez de dire oui, soyez oui”.

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Arnaud, nous pose souvent la question “attentif ou distrait ?” Si la réponse est “attentif”, une autre question s’impose : “Ouvert ou fermé” c’est à dire très exactement : accueil ou refus.

Découvrir notre véritable nature c’est découvrir notre nature d’accueil, notre nature d’ouverture. Vous êtes tout simplement construit comme ça.

S’il est vrai qu’il y a bien une préparation à une découverte, ensuite la découverte par elle-même, et enfin la lente, difficile, périlleuse (8) et progressive intégration de cette découverte, (et c’est vrai), peut-être est-il bon d’examiner les croyances à propos de la découverte ?, il y en a quatre principalement, et elles sont très fortes. Nous pourrions résumer la première ainsi (ce qui nous fait la croyance n° 6) :

6 – “L’accès à l’absolu n’est possible qu’à partir d’un perfectionnement dans le relatif”.

Ce qui signifie que si je m’améliore (moi) en particulier par la pratique d’une forme ou d’une autre de psychothérapie et bien, un jour, un peu comme par miracle, comme une espèce de récompense, et bien il va se passer quelque chose. Quoi ?, personne n’en sais rien, mais “quand même si je pratique régulièrement, Dieu va avoir pitié de moi, il va bien finir par me récompenser”.
Arrêtez de rêver !, soyez réaliste !, soyez en sûr, il se passera certes beaucoup de choses si vos techniques de perfectionnement sont de qualité, mais il y a peu de chances que cela puisse relever de la verticalité, de la spiritualité.

Ce sera toujours pour demain. Je me baignerais quand je saurais nager.
Les années vont passer et votre pratique horizontale entretiendra un rêve plus ou moins agréable de chemin spirituel.

7 – La croyance n° 7 concerne le processus lui-même. “La découverte qui m’est proposée est de ce monde”.

Et bien non ! , nous devrions pourtant le savoir, le Christ c’est donné la peine de nous le préciser. “Mon royaume n’est pas de ce monde.”
Très concrètement, cela signifie que ce que nous avons à découvrir est totalement hors cadre par rapport à toutes les expériences qui tissent notre vie.
Il s’agit nécessairement d’une expérience qui transcende tout ce que nous connaissons jusqu’à maintenant.
Nous sommes habitués à vivre dans le monde des choses, des formes, des objets, du temps, du mouvement, du son, des pensées, des sensations, des émotions, des couleurs etc.
La découverte proposée ne peut être décrite qu’en termes d’absence de ce que nous connaissons déjà.
Alors forcément ça va faire tout drôle parce que ce sera totalement nouveau (9), en dehors de toutes nos références habituelles.
Cette découverte nous demande donc de nous libérer de nos préjugés, d’oser le saut quantique.
Or, très souvent, ce saut quantique (saut vers l’arrière, bien sûr !) nous rêvons qu’il va se faire peu à peu. Désolé, c’est impossible.

Une préparation est progressive, une intégration sera aussi progressive mais une découverte ne peut pas l’être.
C’est comme un saut à l’élastique, vous pouvez le préparer soigneusement, pendant très longtemps, mais un jour il va falloir lâcher l’appui de la plate-forme et plonger dans le vide … Voici donc cette autre croyance :

8 – Croyance n° 8 : “Cette expérience va se produire progressivement, petit à petit le Soi fait son nid”.

NON ! cette découverte ne peut être qu’instantanée, comme une déchirure, une ouverture, une fulgurance.

La meilleure comparaison est celle de l’image cachée dans l’image.
La bergère a perdu son mouton, aidez là à le retrouver.
Vous ne voyez rien, cela devient vite frustrant, vous êtes tendu, dans l’attende de …
A un moment, vous réalisez que si vous ne modifiez pas votre point de vision, vous ne trouverez pas , alors vous commencez à tourner l’image.
Vous ne voyez toujours pas.
Puis brusquement, vous voyez !
Et cette découverte, cette révélation soudaine est accompagnée d’une détente, d’un bonheur, d’une jubilation, comme une espèce d’orgasme : le tout à la mesure de l’investissement mis dans la recherche.
Et si vous reprenez le dessin le lendemain, vous retrouverez facilement la clé (10).

Mais cette découverte, aussi jubilatoire qu’elle puisse être est totalement simple et donc parfaite.
Ce n’est pas une expérience mystique accompagnée de bouleversements psychophysiologiques.
Non, passé la jubilation de la découverte, c’est comme dit Daniel : “Totalement, parfaitement, effroyablement simple”. Et pourtant, quelle pseudo-mythologie plus ou moins délirante n’avons nous pas tous développée autour de l’Éveil ?

D’où la croyance suivante :

9 – Croyance n° 9 : “la découverte de notre véritable nature ne peut être qu’extraordinaire, une peak-experience”.

C’est tout juste, si nous n’imaginons pas un orchestre céleste, lumière divine et quelques anges en prime.
Et bien non, ce qu’il y a à voir est simple, dépouillé, ordinaire, presque banal (11) comment pourrait il en être autrement puisque en fait, il n’y a rien à voir au sens humain et ordinaire du terme …

C’est la découverte de l’absence de tout et c’est merveilleux parce que cette absence objective, c’est la présence subjective.
Nous pourrions dire que c’est la découverte de l’absence de l’objet (humain) que je croyais être et la reconnaissance du sujet (divin ?) que Je suis.

Tout ça n’est pas bien compliqué sauf si nous essayons de comprendre à tout prix. Et c’est sûr, nous allons essayer. Car nous vivons sous la dictature de l’intellect : “Il me faut absolument comprendre”, nous sommes persuadés que notre issue est dans le contrôle et le savoir. Je dois comprendre toujours, et ma pratique dite spirituelle n’échappe pas à cette boulimie de compréhension.

Ce qui nous amène à notre dernière croyance :

10 – La croyance n° 10, terrible et contraignante elle aussi, comme les autres : “Pour découvrir ma véritable nature, je dois comprendre, ou éventuellement sentir”.

Non !, attention au piège,il s’agit de voir, pas de comprendre, il ne s’agit pas de sentir non-plus. Il faut comme disait Swamiji “s’établir sur le terrain solide du Voir”.

Nous ne pouvons vivre l’expérience initiatique que par l’expérience de la vision directe. N ’est-il pas intéressant de noter que dans la plupart des traditions pour ne pas dire toutes, celui ou celle qui est initié, est désigné comme celui qui voit (12), certainement pas celui qui comprend, mais pas non plus celui qui ressent.

Pour se libérer d’un mécanisme, il faut le voir en pleine lumière pour être en mesure de l’étudier soigneusement.

La seule façon de se libérer de ces croyances, c’est d’abord de les découvrir et d’oser reconnaître qu’elles existent bien en nous. Ce n’est peut être pas votre cas, vous êtes peut être l’exception qui confirme la règle et sincèrement, je vous le souhaite.
Mais vérifiez quand même, on ne sait jamais.
C’est sournois et vicieux une croyance et ça se cache facilement dans un petit coin.

Il est profitable sinon indispensable de mettre en cause toutes ces croyances et même d’autres d’ailleurs, qui ne seraient pas sur ma liste.
Mais, il faut en priorité s’attaquer bien évidemment à la croyance-racine : « Je suis une entité séparé et indépendante ».

Lorsque vous aurez réellement mise en cause, ébranlé, déstabilisé cette croyance n° 1 alors vous découvrirez que toutes les autres ont du plomb dans l’aile …

Dieu merci si on lui coupe la tête (c’est la cas de le dire) le monstre aux bras multiples devient moins arrogant et moins menaçant.
Donc la question essentielle dés le tout début de la voie, c’est : Comment (13) puis-je être convaincu que ce que je croyais à propos de moi est totalement faux ? Que je ne suis pas une entité séparée ? Que je ne suis pas du tout mais alors pas du tout ce qu’on m’a dit que j’étais ou ce que je parais être ? »

Jeudi 21 août 2003

Alain Bayod

Cordialement

 

Fallait-il déposer ce texte un peu trop long sur volte-espace, et en plus lui ajouter quelques commentaires en lien direct avec la Vision du Soi selon Douglas Harding … ?

Oui, parce que c’est un texte important – comme la plupart de ceux étiquetés Bayod Alain – et qu’il y a urgence à prendre ses analyses et recommandations au sérieux et, évidemment, à se les appliquer à soi-même.

Je dispose de ce texte depuis longtemps, mais j’hésitais à le mettre en ligne dans la mesure où, si ma mémoire est bonne, il s’agit d’une intervention d’Alain lors d’une assemblée générale d’Hauteville, un texte interne à l’association, privé en quelques sorte. Comme désormais il se retrouve en divers endroits du wouèbe, et un peu brut de décoffrage à mon goût, je vous le propose à mon tour. N’hésitez pas à l’enrichir de vos commentaires … et éventuellement de vos critiques.

Les passages en gras, quelques modifications de découpe des paragraphes, les liens et les commentaires relèvent de ma seule responsabilité.

Quand Alain écrit ce texte (prononce ce discours … ?), il est collaborateur d’Arnaud à Hauteville (après avoir été « apprenti-disciple » depuis Le Bost, et avoir assuré la responsabilité du centre d’Ardenne), certes, mais également depuis 1993 ami de Douglas Harding et, déjà, fin connaisseur de la Vision du Soi (Sans Tête).

Pour avoir rencontré Alain à Ardenne juste après sa découverte de la Vision, je sais à quel point il en a été complètement bouleversé. Il en témoigne notamment dans : « La bombe, ou comment être un avec le monde ».

Pour avoir pris la deuxième « voie » (chronologiquement parlant) autant au sérieux que la première – à la manière d’Alain Bayod : ceux qui ont la chance de le connaître un peu traduiront … – il a déjà effectivement traversé un « certain nombre d’ennuis ». Mais il persiste le bougre et, en tant qu’instructeur spirituel résolument soucieux de simplicité & efficacité,  soucieux du « comment faire, pratiquement ? », il nous propose cette synthèse remarquablement équilibrée, un « little push » à la fois rude et tout en finesse. Ce discours, aux très forts accents de Vision du Soi (Vision Sans Tête), aura certainement bien remué ceux qui avaient des oreilles pour entendre et qui ont entendu …

Ce qui manque peut-être au texte, c’est le geste ci-dessous, mais Alain n’a sans doute pas hésité à le partager avec son public …

Doigt dans les 2 sensJPG

¹ – La citation de Thoreau gagne à être replacée dans son contexte :

« La grande majorité des hommes mène une vie de tranquille désespoir. Ce que l’on appelle résignation n’est autre chose que du désespoir confirmé. De la cité désespérée vous passez à la campagne désespérée, et c’est avec le courage de la loutre et du rat musqué qu’il vous faut vous consoler. Un désespoir stéréotypé quoique inconscient se cache même sous ce qu’on appelle les jeux et divertissements de l’espèce humaine. Nul plaisir en eux puisqu’il vient après le travail. Mais c’est un signe de sagesse que de ne pas faire de choses désespérées. »

« Walden ou la Vie dans les bois »

² – Cf. « Et après les jeux ? – Eric Berne »

³ – Il s’agit de Daniel Morin.

Le wouèbe ne regorge pas de ressources le concernant, mais la courte vidéo « Moi Présence et moi possesseur » donne un assez bon aperçu du personnage, le rire initial surtout. Désolé pour la publicité.

Daniel a écrit « Éclat de silence » et « Maintenant ou jamais, Le mirage du futur », aux Éditions Accarias

4 – Disponible en livre de poche, Pocket Spiritualité, 4 tomes.

Cf. aussi : « Vedanta vijnana – Arnaud Desjardins »

5 – C’est justement parce que « le monde actuel a plus que jamais besoin de trouveurs du Cœur » qu’avec José, Richard, David, et quelques autres je fais l’effort (agréable, mais parfois un peu décourageant) de maintenir l’offre de partage de la Vision du Soi selon Douglas Harding.

En effet, un atelier de Vision du Soi consiste grosso modo à désamorcer ces « dix croyances du chercheur spirituel », méthodiquement et efficacement, et à fournir la motivation et les outils pour continuer à le faire au quotidien après l’atelier.

La crise systémique actuelle, le risque de la montée aux extrêmes, les questions d’identité, de blasphème … nécessitent une réponse simple, concrète, d’une efficacité sans faille, aisément partageable, … : la Vision … ? Personnellement je n’ai pas trouvé mieux.

6 – Actes 17, 28

7 – Cf. « Qu’entend-on par Grand ? » et « Contenant & contenus ».

8 – D’accord pour la « lente, difficile, … et progressive intégration de cette découverte ». Mais pourquoi donc « périlleuse » ? Ce qui constitue le véritable danger c’est de refuser d’avoir l’audace de tenter cette découverte ou de refuser de la valoriser après l’avoir faite. C’est de vouloir rester délibérément dans la zone « je suis humain » du dessin ci-dessus, zone étroitement conditionnée, incapable de nous donner la liberté et la joie auxquelles nous aspirons, et de prétendre qu’il n’existe pas d’autre possibilité.

9 – « Ce sera totalement nouveau, en dehors de toutes nos références habituelles » … si et seulement si nous acceptons de nous « libérer du connu » – comme nous y exhorte Krishnamurti – et d’entrer dans cette zone de « bienheureuse insécurité » évoquée par Alan Watts. Si et seulement si nous faisons nôtre le quatrième logion de l’Évangile de Thomas :

« Le vieillard n’hésitera pas à interroger l’enfant de sept jours à propos du Lieu de la Vie, et il vivra.

Beaucoup de premiers se feront derniers et ils seront Un. »

10 – Ce sont les expériences qui sont la « clé » de la Vision : à la fois pour la découverte initiale, mais également en tant qu’outils pour l’intégration ultérieure de cette découverte. Ces outils des plus performants ne serviront à rien s’ils restent bien rangés dans leur boite. Pour que le « chantier » progresse, il est nécessaire de les empoigner et de s’en servir.

11 – Cf. « Satori c’est gris », de ce même Alain Bayod.

12 – « Celui qui voit » : aussi bien le « rishi » védique, que le chrétien engagé dans la chaîne de transmission exposée ci-dessous :

« Rabbi, … où demeures-tu ?

Il leur dit : « Venez et voyez. » [traduction d’André Chouraqui] « Venez et vous verrez. » [TOB] Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui ce jour là.

Jean 1, 38-39

[Ῥαββί ποῦ μένεις; Λέγει αὐτοῖς, Ἔρχεσθε καὶ ἴδετε. Ἦλθον καὶ εἶδον ποῦ μένει: καὶ παρ’ αὐτῷ ἔμειναν τὴν ἡμέραν ἐκείνην:]

Philippe lui dit : « Viens et vois » [TOB et Chouraqui …]

Jean 1, 46

[Καὶ εἶπεν αὐτῷ Ναθαναήλ, Ἐκ Ναζαρὲτ δύναταί τι ἀγαθὸν εἶναι; Λέγει αὐτῷ Φίλιππος, Ἔρχου καὶ ἴδε.]

13 – Si ce « comment » vous taraude sans répit, si vous voulez vraiment vérifier que vous n’êtes pas « une entité séparé et indépendante », ayez donc l’audace de participer à un atelier de Vision du Soi. Ensuite, pour intégrer cette découverte garantie, vous n’aurez que l’embarras du choix parmi toutes les voies proposées … La Vision est absolument inclusive, pas exclusive.

 

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

4 réponses sur « Les dix croyances du chercheur spirituel – Alain Bayod »

Bonjour,

Je suis bien heureux de découvrir votre blog : Alain Bayod, « Le séjour »de Jacques Goorma … je me sens en pays ami.

Bonne continuation à vous.

Cordialement

Jean-Marc

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