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6 - Lectures essentielles

Une absence heureuse, c’est tout – Christiane Singer

« Seul ce qui brûle » est le titre du dernier roman¹, au sens propre du terme incandescent, de Christiane Singer. Elle y développe – magnifiquement – la trente deuxième nouvelle (choix du chapitre dans le menu de gauche) de « L’Heptaméron » de Marguerite de Navarre.

Le préambule de ce livre se clôt sur une remarque que je vous laisse apprécier :

« Rien ne m’apparaît plus apte à nous refléter l’irréalité de nos systèmes de pensée contemporains que l’exploration d’autres espaces humains d’égale chimère et d’égale fureur. »

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L’expression retenue comme titre de ce billet se trouve à la fin de la première lettre de Sigismund d’Ehrenburg au seigneur de Bernage.

« Je ne suis plus l’homme que vous avez connu, mais je ne suis pas non plus tout à fait un autre. Vous étonnerai-je en vous disant qu’il y a même des jours où il ne me semble plus y avoir personne au lieu où je me tiens ? Une absence heureuse, c’est tout.

L’étrange est qu’il n’y a soudain pour moi plus rien à défendre, ni à pourfendre, ni à usurper, ni à conquérir. Toutes ces activités principales de notre époque et de notre état ne me parlent plus. Les jours ont leur pulpe. Et je la goûte simplement. Et pour la première fois de ma vie, je suis libre. C’est à la fois très inquiétant et très délicieux².« 

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Mais j’aurais tout aussi bien pu faire mon choix dans le cahier d’Albe d’Ehrenburg, cette femme qui a osé choisir « de faire sien son destin – aussi hostile et terrible soit-il », cette femme libre³, qui nous « parle d’un lieu de plénitude« .

« N’y a-t-il pas grand bonheur à savoir que toutes les eaux de la terre sont reliées par le jeu subtil des infiltrations et des nappes ? N’y a-t-il pas grand bonheur à savoir que les vivants, bêtes et gens, sont reliés par d’invisibles rhizomes : une seule respiration pour tous sous le soleil.

Il n’y a que les sots qui ne veulent être que pour soi et ne se réjouissent pas d’un si vaste lignage ! »

[…]

« Le monde n’est-il pas empli de ces âmes mortes guidées par la peur et l’envie, ignorant tout, pillant et profanant puisque personne jamais n’a pris soin d’elles ? Une meute féroce d’âmes mortes à qui toute tendresse a été refusée !

 

Cordialement

 

¹ – (Albin Michel 2006 – Livre de Poche n° 31182)

Ces quelques extraits ne donnent qu’une bien pâle idée de la puissance et de l’originalité de ce texte. A lire d’urgence si ce n’est déjà fait.

² – Cette « absence heureuse », cette « inquiétante et très délicieuse liberté », c’est l’état que la Vision du Soi selon Douglas Harding se propose de vous faire goûter, intégralement, par de tout autres, mais non moins efficaces moyens. Si jamais vous êtes las de « défendre, pourfendre, usurper et conquérir », sachez qu’il est tout à fait possible de vivre autrement, de vivre vraiment, de vivre …

La Vision du Soi vous permet de reprendre à votre compte ces autres propos de Sigismund :

« Désormais je n’ai plus à confronter l’insoutenable beauté du monde, j’en suis part intégrale. L’observateur s’est fondu entier dans ce qu’il regardait. »

Ce que l’on peut nommer « éveil, libération, satori, … » est-ce vraiment une option dans la vie de tout un chacun ? Écoutons donc ce que nous dit encore Sigismund (& Christiane Singer) à ce propos :

« Il n’est pas abstrus de penser qu’il existe dans chaque vie un trou vertigineux par lequel s’opère le passage à une dimension autre. Et peut-être la tentative d’échapper à cette aspiration, à cette chute vertigineuse par tous les moyens, toutes les stratégies, toutes les ruses est-elle l’origine même de nos pires souffrances.

Le refus acharné qu’oppose en nous le connu à l’inconnu, le familier à l’inexploré, oblige en somme le destin à user de violence envers nous. »

La Vision du Soi me semble être ce que la Vie a à ce jour inventé de plus « délicat » pour « passer sur l’autre rive ». Mais n’en croyez surtout pas un traître mot, essayez, vérifiez !

³ – Je risque fort de me faire quelques « copines » parmi les femmes « modernes » de notre époque si jamais elles lisent ce livre … ! Peu importe. Que puis-je leur dire d’autre alors que de le relire, encore … Les exigences nombreuses qu’il porte me semblent susceptibles de nous aider à sortir de nos confusions, toutes aussi nombreuses et douloureuses.

Celle concernant les rapports hommes & femmes n’étant pas la moindre …

 

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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