« Vous êtes toujours fixé sur des choses particulières, vous avez une maison particulière, un travail particulier, un intérêt particulier, un goût particulier, mais un stade peut venir dans la vie quand l’attirance que vous pouvez éprouver pour un objet particulier disparaît et que vous vous sentez comme suffoqué. Alors, si on a le courage et la faculté de discrimination et le détachement, on devient vide … comme s’il y avait un vide … et il ne reste rien à garder ni à saisir. Dans la vie du monde, on saisit toujours un objet particulier. Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on sent et qu’on réalise qu’il n’y a rien à saisir ? Il y a une annihilation complète de la conscience du monde et quand ce sentiment se cristallise on sent :
“Tout est à moi, tout m’appartient”.
Ainsi il n’y a plus de distinction, le particulier devient général. L’éveil n’est rien d’autre que cela. »
« Svâmi Prajnânpad – Biographie »
Daniel Roumanoff introduit comme suit cet extrait d’un entretien enregistré le 5 août 1966, et qui se trouve à la fin du septième chapitre de son livre :
« Lorsque Svâmiji est venu reprendre sa place au Kashi Vidyapith, il était certainement encore en chemin ou plutôt son accomplissement n’était que partiel. … Ce n’est que plus tard qu’il parvint à l’unité complète qu’on peut qualifier de samâdhi naturel ou spontané (sahaja samâdhi) et que Svâmiji décrit de la manière suivante : … »
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Aurais-je été en mesure de saisir ce qu’exprime ci-dessus Svâmiji sans l’apport décisif des expériences de Vision du Soi de Douglas Harding … ? Aurais-je une vision claire de la situation périphérique de toutes ces « choses particulières » telle qu’exposée dans cette carte – ce mandala récapitulatif – dessinée par lui … ?
Ces questions n’ont pas lieu d’être puisque, grâce à Alain Bayod, j’ai rencontré Douglas et été enthousiasmé par sa méthode. Celle-ci n’est pas venu « abolir » tout ce que Svamiji me proposait par l’intermédiaire de son disciple Arnaud Desjardins, elle a au contraire représenté une percée vers un accomplissement.
Quelques expériences – simples mais hautement élaborées – permettent en effet de voir clairement – pour ne pas dire parfaitement – que pour moi-même Ici au Centre, je suis « vide », qu’il n’y reste « rien », que ma véritable identité est cet espace d’accueil illimité et inconditionnel, ce contenant ultime.
Lorsque je demeure en ce lieu central, effectivement : “Tout est à moi, tout m’appartient”. Plus exactement : « Je Suis tout ». Ce n’est pas quelque chose que je « sens », c’est une Non-chose que je vois.
Reste bien sûr le plus délicat, le plus exigeant : transformer peu à peu une expérience passagère en exercice permanent, en « quotidien comme exercice ». Cela demande moins de se concentrer que de se détendre. Et si faire le premier pas nécessite de l’audace, persévérer demande en effet du « courage ».
Mais surtout : tous ces traîtres mots – oui, ceux de Svâmiji aussi ! – demandent à être soigneusement vérifiés, attentivement examinés (« vicâra »), avec la plus grande lucidité (« awareness »), et sans en rester au niveau d’un langage dualiste par nature … Les expériences de Vision du Soi peuvent aider à passer des concepts aux percepts … simplement. Essayez … !
Cordialement