« Pascal jaillit du noir, les yeux mouillés d’or. Son aventure vient d’une région souterraine plus profonde que sa volonté¹ – à peine s’il y est pour quelque chose. Une nuit son âme prend feu. Les chevaux de la pensée² filent au galop, leurs robes couvertes d’une sueur d’encre. De l’illumination du lundi soir 23 novembre…
Étiquette : Bobin Christian
« Le monde n’aime pas la mort. Il n’aime pas non plus la vie. Le monde n’aime que le monde¹. […] Je ne peux pas te parler du mimosa puisque tu n’es plus là. Mais le mimosa, lui, me parle très bien de toi² : tout ce qui est délicat a traversé le pays des…
« J’imagine quelqu’un qui entre au paradis sans savoir que c’est le paradis. Il a des inquiétudes, des projets. Il est très occupé. Un bruit de fer, un cliquetis d’épées l’accompagne. C’est si banal, la guerre. Et puis tout d’un coup il y a une lumière de neige sur un étang, et un oiseau aux ailes…
« Ce qu’on voit nous change. Ce qu’on voit nous révèle, nous baptise, nous donne notre vrai nom¹. […] Ce noir charpente mon cerveau, y tend ses poutres maîtresses dont le deuil n’est qu’apparent : le noir est l’éclair d’un sabre de cérémonie, une décapitation qui ouvre le bal des lumières². Ces œuvres appellent le grand…
« Un prénom vif et sec comme l’attaque d’une sonate – Glenn. Un nom plus sourd, la vibration maintenue du nom comme dans les profondeurs d’un adagio – Gould. Glenn Gould, … Il joue Bach, et encore Bach, et surtout Bach. […] Là où je vais, là où je joue, il n’y a personne – que…
« Deux anges couillus descendus sur terre pour remettre de l’ordre : Menuhin et Oïstrakh dans un vieux film noir et blanc jouent un concerto de Bach¹. Les deux violonistes jouent si intensément qu’on dirait qu’ils ne jouent pas et ne font plus qu’entendre. Oïstrakh écoute son violon plus fébrilement qu’une mère guette la…
« L’intelligence n’est pas affaire de diplômes. Elle peut aller avec mais ce n’est pas son élément premier. L’intelligence est la force, solitaire, d’extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi – vers l’autre là-bas, comme nous égaré dans le noir. » Christian Bobin « L’inespérée »…
« Elle m’appelait, appuyée contre un pommier dans le jardin. D’abord je ne l’ai pas vue. Je pensais à quelque chose et la pensée empêche de voir. Plus des trois quarts de nos vies se passent en somnambules. Nous serrons des mains, nous donnons nos yeux à des lueurs de toutes sortes, et en vérité nous…
Dans un des nombreux courriels accumulés lors des vacances – la plupart au service de cette activité soi-disant « essentielle » des « sociétés » modernes : vendre des choses qui ne servent à rien à des personnes qui n’en ont pas besoin – se trouvait cette pépite, une de plus, de Christian Bobin : « L’amour est plénitude du…
« Je reviens au royaume des vivants » est le titre de la première chronique de Sylvain Tesson après son accident. (Dans « Le Point » du 20/11/2014.) Si Sylvain Tesson n’est pas à mon sens un écrivain majeur – pas encore – j’apprécie néanmoins ses textes et sa personnalité éminemment sympathique. Il a le courage d’assumer des positions…