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1 - Pratique de la Vision du Soi Fondamentaux Vision du Soi

Quand on s’intéresse au bouddhisme …

Comme indiqué dans l’article précédent, notre association A Ciel Ouvert Maurienne* s’inscrit petit à petit dans le paysage local : les compte-rendus de ses réunions sont accessibles, l’information se diffuse, le bouche à oreille fonctionne …

Et les premiers retours informels surviennent :

« Votre truc, ce ne serait pas un peu bouddhiste … ? »

Suivi de peu par :

« Quand on s’intéresse au bouddhisme, c’est qu’on a des problèmes … »

Il est alors intéressant de faire un petit retour vers les origines du bouddhisme pour rappeler à l’interlocuteur que tout être humain partage avec le bouddha historique, Siddhartha Gautama, et tous ses successeurs, non pas « des problèmes », mais un seul et de taille : le fait d’être porteur de cette maladie – mortelle, sexuellement transmissible et incurable – généralement appelée la vie !

Son père le roi Śuddhodana espérait bien sûr que Siddhartha lui succéderait sur le trône, et il le maintenait dans une vie préservée pour l’empêcher de réfléchir aux difficultés. Mais, à 29 ans, alors qu’il est enfin parvenu à sortir de la prison dorée du palais, il découvre la souffrance du peuple qui lui avait été cachée jusqu’alors et le fossé qui la sépare du confort de sa vie aristocratique.

Quatre rencontres vont changer sa vie :

    • un vieillard lui fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de l’usure du corps vieillissant
    • un malade lui apprend que le corps souffre aussi indépendamment du temps
    • un cadavre que l’on menait au bûcher lui révèle l’existence de la mort
    • enfin, un ermite lui montre ce que peut être la sagesse

Dans notre société il n’est guère difficile de rencontrer des seniors et des malades. C’est déjà plus complexe en ce qui concerne les cadavres : il y en a pléthore dans les actualités et les fictions télévisées, les films, les livres, les magazines … , mais une véritable mise en présence est de plus en plus rare. Quant à rencontrer un ermite capable de vous renseigner utilement sur la sagesse …

Alors oui, quand on s’intéresse – sérieusement – à la dimension spirituelle que recèlent le bouddhisme, l’hindouisme, le judaïsme, le christianisme, l’islam, … c’est qu’on a conscience d’avoir un vrai « problème » et qu’on est bien déterminé à l’étudier de près, à chercher et à … trouver. Le prénom Siddhātta/Siddhārtha attribué au Bouddha historique – certes selon des sources tardives –  signifie en effet : « celui qui a atteint son but », « celui qui n’a pas manqué la cible ».

Il est bien sûr également tout à fait possible de rester en sommeil tout au long d’un ersatz de vie, de se dispenser de cet éveil qui est notre droit de naissance et notre dignité. Notre société moderne travaille d’ailleurs activement à ce que ce sommeil soit la règle générale, comme Alexis de Tocqueville l’avait bien diagnostiqué dans « De la démocratie en Amérique » :

«… je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres … il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul […]

Au-dessus de ceux là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. … il ne cherche qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance … il ne détruit point, il empêche de naître. »

Serait-il raisonnable de se contenter d’une aussi piètre existence ?

 

Cordialement

 

*  Cette association est définitivement en sommeil. Un certain nombre de raisons sont exposées ici et

Volte-espace a pris le relais avec notamment cette proposition : Méditation dans l’esprit du zen.

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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