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Nécessaire réduction du transport aérien – Jean-Marc Jancovici

Exprimer clairement mon complet désaccord avec la promotion des voyages en Inde et dans le désert par A Ciel Ouvert a provoqué quelques vagues … pas assez à mon goût. Je me vois donc contraint de rassembler ici quelques éléments supplémentaires pour enfoncer le clou de l’article : « Esotourisme : ne plus cautionner l’inconscience »

Flightradar24.com

Jean-Marc Jancovici – polytechnicien spécialiste de l’effet de serre – explique dans un article de son site « A quoi ressemblerait un monde qui serait “énergétiquement vertueux”? » et dans le chapitre « Que serait l’âge d’or ? » de son livre « L’avenir climatique » à quel point il est indispensable de réduire drastiquement le transport aérien :

« Ce que nous n’aurions plus dans un tel monde

L’énergie fossile peu chère ou d’utilisation libre¹

Appelée à ne plus être utilisée, ou seulement dans quelques cas marginaux, l’énergie fossile devrait coûter très cher et/ou être d’un usage réglementé. Il est donc vraisemblable que des taxes massives et/ou des réglementations spécifiques pèseraient sur cette forme d’énergie.

Le transport aérien démocratique

Le carburant consommé par personne, lors d’un vol, est équivalent à ce que cette même personne consommerait en parcourant la même distance seule dans une voiture de petite cylindrée (ou de moyenne cylindrée pour les déplacements court-courrier, le décollage étant proportionnellement plus gourmand en carburant).

Ainsi sur un vol aller retour Paris-New York, soit 12.000 km, chaque passager (si l’avion est plein) “consomme” entre 700 et 1.000 litres de carburant, ce qui équivaut presque à la consommation annuelle d’un détenteur de Clio.

Cette forme de transport augmente actuellement de 5% par an (enfin cela dépend des années, mais c’est la forme de transport qui croît le plus vite)². Les émissions de CO2 engendrées par le seul trafic international équivalaient en 1992 à celles de la Grande-Bretagne, et en prolongation tendancielle elles pourraient représenter, en 2050, jusqu’à une fois et demie ce qu’émettent actuellement les USA (ce qui ferait l’équivalent de 40% des émissions de CO2 du monde entier en 1990).

Ce problème est tellement important que le GIEC a publié un rapport en 1999 portant uniquement sur le problème du transport aérien.

Par ailleurs il n’existe pas d’alternative à l’utilisation de carburants chimiques pour l’avion (l’électricité ne fonctionne pas très bien !). On pourrait peut-être garder quelques avions hors de prix fonctionnant à l’hydrogène, ou avec des carburants de synthèse obtenus avec de l’hydrogène et/ou de la biomasse, mais la fraction de l’humanité qui pourrait en profiter diminuerait sérieusement.

La “vertu énergétique” est donc incompatible avec le développement actuel du transport aérien, dont une très forte diminution (plus proche de 90% de baisse que de 5% !) – avec utilisation de carburants issus de la biomasse pour le reliquat – en serait probablement une composante indispensable. »³

Mais Jean-Marc Jancovici explique aussi et surtout que ce qu’il serait possible de maintenir « dans un tel monde », au prix de beaucoup d’efforts, c’est la sécurité des approvisionnements alimentaires, un relatif équilibre social, la paix civile à l’intérieur des États et entre eux … Personnellement je serais assez heureux, pour moi-même, pour tous ceux que j’aime et tous mes prochains, que le monde de demain ne ressemble pas à la Syrie d’aujourd’hui … Et vous ?

J’écris donc ici avec force que tous ceux qui promeuvent le voyage lointain, quelles qu’en soient les raisons, sont au mieux aujourd’hui des imbéciles inconscients, et seront considérés demain à juste titre comme des criminels. Et que ceux qui le font pour des pseudo-raisons « spirituelles » sont beaucoup moins excusables que les autres. C’est pourquoi je les invite vivement à se poser la question qui sert de sous-titre au livre « L’avenir climatique » évoqué ci-dessus :

« Quel temps ferons-nous ? »

Et oui, dans notre bel anthropocène où le « progrès fait rage » ce sont les humains qui « font » le temps qu’il fait …

 

Cordialement

 

¹ – La composante « aval » de la question, la raréfaction progressive de ces ressources fossiles – notamment le pic pétrolier – est tellement économiquement, socialement et politiquement dérangeante qu’il n’en est plus guère question dans les grands médias. Il semble assez facile pour eux de ne pas parler de ce que personne ne veut entendre, ni de ce que la plupart des « responsables » ont choisi de ne pas se préoccuper … Il s’agit de la pensée magique moderne : si personne n’en parle, c’est que cela n’existe pas, et nous pouvons donc continuer à gaspiller des énergies fossiles … et dormir tranquilles jusqu’à ce que les vrais emmerdements commencent sérieusement.

Mais la composante « amont », le dérèglement climatique s’impose à toute personne sensée qui a décidé de ne pas « se crever les yeux » devant son implacable et très inquiétante réalité. « Facts are friendly » : et le fait est que chacune des années de ce début de 21° siècle bat des records de chaleur, que l’effet de serre resserre inexorablement son nœud coulant autour de l’humanité, que la glace fond, que le niveau de la mer monte, que l’eau douce manque, que la fréquence des épisodes climatiques violents augmente, que le nombre des migrants climatiques augmente, que des guerres se déclenchent en Afrique et au Moyen-Orient, … etc, etc. « Les faits sont amicaux ».

Certains spécialistes mondiaux de ces questions énergétiques comparent la réunion de ces deux composantes à une « pince » qui enserre l’humanité et la condamne à changer, pas à changer un peu à la marge, non, mais vraiment à « tout » changer.

² – Comme tout le monde n’a pas nécessairement la « chance » d’habiter à proximité d’un aéroport international, et qu’il est difficile de visualiser ce qui se passe réellement dans l’espace aérien au dessus de notre « absence de tête », je vous invite vivement à consulter le site visuellement impressionnant qu’est Flightradar24.com … Et oui, ça grouille là-haut !

Un précédent article de volte-espace, Flightradar24.com, évoquait déjà le sujet en septembre 2014, certes, mais personne n’ignore que la répétition constitue l’essence de la pédagogie.

Alors oui, tous ces avions volent déjà, donc autant qu’ils soient bien remplis … Non. La seule façon de réduire drastiquement un transport aérien qui détruit la stabilité du climat consiste à ne jamais prendre l’avion, et à essayer de convaincre le maximum de personnes de faire de même.

N’attendez pas que les marchands de vols (A ciel Ouvert compris), d’avions, d’aéroports, de kérosène, … ou que les « responsables politiques » résolvent ce problème à votre place. D’ailleurs l’équipe de Donald Trompe a déjà supprimé la page du site de la Maison Blanche consacrée au dérèglement climatique … !

³ – Jean-Marc Jancovici est extrêmement dubitatif sur la capacité des sociétés humaines à maintenir un équilibre géopolitique, déjà fort instable, face aux nombreuses conséquences fâcheuses de la « pince peak-all & dérèglement climatique » … On ne voit en effet pas trop comment pénuries alimentaires, déficit en eau potable, épidémies, migrations de réfugiés climatiques, récession économique, … ne déboucheraient pas tôt ou tard sur une extension des troubles majeurs, des guerres …

Aucune ligne ne bougera réellement tant qu’un individu + un autre individu + … etc, ne deviendront pas certains qu’ « ils ont pour corps l’univers entier », tant qu’ils n’auront pas réintégré leur corps d’univers, leur Youniverse. Seule la conscience permet de « croire ce que nous savons » (Jean-Pierre Dupuy).

Je ne vois guère que la Vision du Soi selon Douglas Harding pour contribuer efficacement, rapidement et sur une grande échelle à cette évolution … et, à dire vrai, cela commence à m’inquiéter un peu !

La Vision peut également nous permettre de voir que Qui nous sommes vraiment n’a jamais bougé du moindre millimètre. Le court mais réel voyage d’un mètre de la périphérie au Centre, de là-bas à Ici, du monde à sa Source, est assurément le seul qui permette d’obtenir une pleine et entière satisfaction, et de ne pas se contenter de pitoyables consolations provisoires.

Mais surtout n’en croyez pas un traître mot, venez vérifier dans un atelier.

NB : je ne suis pas d’accord avec toutes les conclusions de Jean-Marc Jancovici, notamment sur sa promotion quelque peu indécente de l’énergie nucléaire, mais son travail d’analyse et de vulgarisation intelligente & exigeante de ces questions énergétiques & climatiques est vraiment remarquable.

 

 

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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