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La Charte de l’Europe des Consciences

Les élections européennes approchent, et il n’est peut-être pas inutile de relire un document certes on ne peut moins officiel, mais on ne peut plus porteur d’avenir et d’espérance :

La Charte de l’Europe des Consciences¹.

Je l’accompagne de quelques [commentaires] en lien avec la Vision du Soi selon Douglas Harding. Les mots et expressions en gras relèvent de ma seule responsabilité.

 

« Considérant que l’Europe, dans sa construction politique actuelle, ne prend réellement en compte que les dimensions économique et financière,

Considérant qu’un matérialisme omniprésent et organisé s’est emparé du continent où il génère violence, mercantilisme, amoralisme, déculturation galopante, et qu’un nouvel obscurantisme est en train de gagner les esprits,

Considérant que le manque de repères spirituels et l’égoïsme ambiant conduit un nombre croissant de personnes vers des sectes malveillantes tirant un avantage pécuniaire de leur vide affectif et de leur souffrance morale,

Considérant qu’une uniformisation généralisée cherche à s’imposer, détruisant les diversités culturelles et écrasant les individus,

Considérant que seules, à l’ampleur de la « crise » sont capables de répondre en profondeur et durablement des solutions d’ordre spirituel, elles-mêmes fondements véritables de relations fraternelles entre les hommes, et fondements d’une relation respectueuse de l’homme à la Nature,

Considérant ce qui précède, les membres cofondateurs de l’association L’EUROPE DES CONSCIENCES² adoptent la présente Charte, par laquelle ils reconnaissent l’importance et l’urgence de :

Renouer avec la dimension spirituelle de l’homme et les valeurs éternelles

Tout entier tourné vers l’avoir et le pouvoir, l’homme moderne s’est trop souvent coupé de sa dimension la plus profonde par laquelle sa vie acquiert sens et plénitude. C’est lorsqu’il est connecté en lui à la source de toute vie que l’homme peut développer vision juste et action juste. Il participe alors à la danse et à l’harmonie de l’univers, et en respectant ses lois, il vit dans la joie, la conscience et la liberté.

[La vision juste telle que proposée par la Vision du Soi va au-delà de la « connexion » et de la « participation » … Ce n’est qu’en étant à la fois la Source et tout l’univers que se révéleront « la joie, la conscience et la liberté ». Mais n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !]

Réintégrer l’homme au sein de la nature – au niveau de l’espèce comme de l’individu

L’homme est partie intégrante de la nature. Il y a ses racines, il y puise sa substance. La nature lui a donné vie, elle le nourrit et le guérit, elle le soutient et le régénère. Quand l’homme pollue la nature, il se pollue. Quand il la détruit, il se détruit. Quand il lui manque de respect c’est lui-même qu’il insulte.

[Il est fort probable que l’écologie continue de piétiner tant que nous ne serons pas tous intimement convaincus que « Le sage a pour corps l’univers entier. » La Vision du Soi dispose de réels atouts pour permettre d’intégrer cette parole des Upanishads.]

Mettre l’économique au service du politique et le politique au service de la sagesse

Il est, au sein de toute société, une hiérarchie juste des pouvoirs : la sagesse montre des objectifs et inspire, le pouvoir politique met en œuvre ce qui est reconnu comme juste, et le pouvoir économique satisfait les besoins matériels dans le cadre tracé par le pouvoir politique. La démission du pouvoir politique devant le pouvoir économique a conduit à cette perversion où la consommation devient une fin en soi, et est perçue comme la source de tout bonheur.

[Cette notion de « hiérarchie » est centrale dans l’œuvre de Douglas Harding. C’est le nom de son opus magnum, « La hiérarchie du Ciel et de la Terre », à paraître prochainement en traduction française. Plus concrètement, un atelier de Vision du Soi consiste d’abord à replacer dans un ordre juste le « petit », l’ego, le moi … et le « Grand », le Soi …]

Favoriser les réalisations à taille humaine et la démocratie de proximité

Il est un espace juste pour exister en plénitude, une distance juste pour être bien ensemble. Trop à l’étroit l’homme s’étiole, dans un espace trop grand il est perdu. En espace confiné, les relations sont vite conflictuelles : elles sont inexistantes au sein de la multitude. Les relations de cœur à cœur s’épanouissent dans la proximité.

[Ces « relations de cœur à cœur » sont-elles imaginables en dehors de cette relation « naturelle », quasi inconnue parce qu’évidente : le face-à-espace, que la Vision du Soi propose de découvrir dans de nombreuses expériences d’attention ? Mais n’en croyez pas un traître mot, essayez, vérifiez !]

Instaurer davantage de justice sociale, expression naturelle de fraternité et condition de paix durable

Le sens de l’unité de toutes choses que donne l’expérience spirituelle conduit naturellement à la fraternité et au partage. La justice sociale n’est plus un principe théorique, mais va de soi, avec la force de l’évidence. Une paix durable – pour l’individu comme pour la collectivité – en découle naturellement.

[Tout comme les autres recherches intérieures sérieuses, la Vision du Soi ne consiste pas à se regarder égoïstement le nombril, à chercher une sorte de « planque ultime » où vivre à l’abri des soubresauts du monde. Vu d’Ici au Centre, « fraternité, partage, et justice sociale » coulent de Source. TINA : there is no alternative !]

Sortir de l’égoïsme national pour entrer dans une fraternité sans frontières

La vraie fraternité ignore les frontières. On ne peut plus défendre seulement ses intérêts et son bien-être personnel en ignorant ce qui se passe au-delà des frontières, et que nous avons largement contribué à créer.

Responsabiliser la personne et encourager une solidarité de proximité

On ne peut se vouloir libre sans se vouloir en même temps responsable. Assumer sa responsabilité donne dignité et grandeur à l’individu. Cette responsabilité n’efface pas la nécessité d’une solidarité, qui trouve sa première expression dans le cercle des proches.

[Parfois je me demande si ce n’est pas tout simplement la peur de la responsabilité absolue qu’elle implique qui éloigne une majorité de personnes de la recherche intérieure & spirituelle ? Mais peur ou pas, il n’est guère confortable de vivre une vie fondée sur le mensonge de l’égoïsme et de l’irresponsabilité illimitée.]

Considérer la nécessité d’une  » Déclaration des devoirs de l’homme envers lui-même, ses frères du monde, la nature et la Terre « 

La Déclaration des droits de l’homme a été conçue pour protéger le faible du fort. Mais, insidieusement, elle a renforcé chez tous l’égoïsme et l’envie, au détriment du don de soi et de l’esprit de service. L’homme, devenu trop conscient de ses droits, en a oublié ses devoirs. Il doit reprendre conscience de son rôle, de sa fonction et de sa responsabilité dans le maintien de l’harmonie dans la société et sur la Terre.

[Dans « Abel ou la traversée de l’Eden », Marie Balmary a relu cette Déclaration comme elle relit tous les textes « anthropogènes », très scrupuleusement. Et elle a bien sûr déniché la pépite du devoir, souvent passée par pertes et profits :

« Tous les êtres humains … doués de raison et de conscience … doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Relisons soigneusement nos textes fondateurs, comme, et pourquoi pas avec Marie Balmary.]

S’investir davantage dans la prévention des problèmes que dans leur guérison (agir dans la conscience du long terme)

Maintenir les choses dans la cohérence et l’harmonie en anticipant les problèmes est beaucoup plus juste que résoudre ceux-ci après avoir été négligent. De même, c’est la conscience du long terme qui doit guider nos actes. Il n’est pas responsable de satisfaire sans frein ses désirs – pour un individu comme pour une collectivité – sans se soucier du lendemain. L’électoralisme politique pousse en sens contraire : préférence pour l’acte de guérison aux effets plus visibles, et actions commandées par les intérêts du court terme, l’espace d’une échéance électorale.

[Il me semble bien que c’est Michel Serres qui a désigné la « religion » comme l’exact opposé de la « négligence » … Mais nous sommes globalement en retard de plusieurs siècles sur l’état de nos connaissances scientifiques. Jean-Pierre Dupuy précise très finement que « nous ne croyons pas ce que nous savons ». Cf. notamment le dernier rapports du GIEC.]

Retrouver et respecter le sens sacré de la naissance et protéger la petite enfance

Nous savons aujourd’hui que de la qualité de la naissance et de la petite enfance dépendent largement l’équilibre psychologique et émotionnel de l’adulte, son aisance relationnelle et sociale, son bonheur – et celui de la société dans laquelle il vivra. D’où l’importance de la qualité de la naissance, de considérer l’enfant comme une personne, et de ne pas lui infliger de blessures à un niveau quelconque par une conduite non respectueuse de la globalité de l’événement.

[Impossible ici de ne pas mentionner les travaux d’un disciple de Svami Prajnanpad, Frédéric Leboyer :

  • livres : « Pour une naissance sans violence », « Shantala – Un art traditionnel : le massage des enfants », « Cette lumière d’où vient l’enfant », « D’amour ou de raison », « Le Sacre de la naissance », « Si l’enfantement m’était conté ».
  • films : « Naissance », « Shantala », « Le Sacre de la naissance ».]

Éduquer à la vie, en même temps que préparer à un métier

A côté d’une transmission des savoirs et des techniques qui préparent au métier, une éducation doit préparer à l’art de vivre. Développement du caractère, de la sensibilité, de l’intelligence du cœur – culture de l’écoute et du respect, de la discipline et de l’effort, de la compassion et de la solidarité, ouverture à la vie intérieure, à la responsabilité, au don de soi et à l’esprit de service – doivent compléter l’accumulation des connaissances et l’exercice de la raison.

[Carl Rogers a beaucoup œuvré en faveur d’une écoute de qualité, thérapeutique par elle-même. Je suis convaincu que la Vision du Soi offre de nombreux moyens habiles pour la développer et la partager. Mais n’en croyez pas un traître mot, venez vérifier dans un atelier !]

Retrouver une vision globale de la santé et accepter une médecine plurielle

L’homme n’est pas qu’une machine dont on répare les pièces défaillantes. Malgré ses très grandes réussites dans le cadre qu’elle s’est fixée, notre médecine manque d’une vision globale de l’homme – d’où ses résultats contestables en termes de santé globale de l’individu, et son coût démesuré qui pèse sur d’autres aspects de la vie. Les dimensions physique, énergétique, mentale, sensible et spirituelle doivent pouvoir être prises en compte dans ce domaine de la santé, et traitées de façon adaptée par des moyens thérapeutiques diversifiés.

[La Vision du Soi ne se présente pas comme une thérapie (de plus …!) Mais Douglas a néanmoins écrit un article remarquable, « Visiothérapie », qui constitue le chapitre 9 de « Être et ne pas être ».]

Rendre au travail son sens et sa dimension de service

Le travail est un service aux autres en même temps qu’une voie de réalisation personnelle. Vécu ainsi il devient à la fois utile à la société et épanouissant pour soi-même, au lieu d’être ennuyeux et dépourvu de sens. Il faut renouer avec l’esprit des bâtisseurs et du compagnonnage, revaloriser le travail manuel et l’apprentissage. Le cadre du travail est espace de vie et on doit retrouver en son sein toutes les valeurs d’un art de vivre réconcilié avec la sagesse, notamment la fraternité et l’éthique.

Ouvrir pleinement la société aux femmes et aux valeurs féminines

Notre société est trop rationaliste et patriarcale, son architecture est froide et arrogante, son fonctionnement essentiellement compétitif. Il faut l’ouvrir davantage à l’intuition et au sentiment, à la courbe et à la douceur, à l’accueil et à la gratuité, à la coopération et à la générosité.

[La Vision du Soi ne propose rien de moins que de reprendre pleinement conscience de sa vraie nature d’espace d’accueil. Il ne me semble pas que cet espace soit plus « féminin » que « masculin », puisqu’il est le contenant vide, neutre, qui accepte inconditionnellement tous les contenus qui se présentent … Il est cependant certain que la mentalité de combat et de conquête n’en favorise pas l’approche et en interdit la découverte. « Lorsque le désir de prendre disparaît, alors les trésors apparaissent. » Yoga-Sutras II, 37]

Réintégrer la vieillesse et la mort au sein de l’existence

Vieillesse et mort font partie de la vie, et permettent d’en découvrir le sens. D’où leur importance, et la place qu’elles doivent avoir au cœur de la société.

[Je suis intimement persuadé que la clé de bon nombre de nos problèmes se trouve dans les mains de personnes âgées souhaitant « vieillir, mûrir et s’accomplir en pleine conscience ». D’où mon espoir dans l’atelier Vieillir en Pleine Conscience.

NB : Espoir déçu : cet atelier n’est plus proposé.]

Retrouver le sens de la vie

Tout à ses recherches tournées vers l’extérieur, l’homme s’est lui-même négligé, laissé en friche. Il lui reste à apprendre – ou réapprendre – à ouvrir son cœur, épanouir son âme, conscientiser son corps, et à découvrir la plénitude qui demeure en lui-même. C’est la grande aventure qui l’attend aujourd’hui. »

[La Vision du Soi rassemble cette grande aventure dans ce geste inhabituel :

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Impossible d’accéder à la plénitude de la Vie sans rééquilibrer extérieur et intérieur. Voire impossible d’accéder à l’extérieur sans d’abord aller jusqu’au bout du chemin intérieur. Ce que le logion 67 de l’évangile de Thomas résume ainsi  :

« Celui qui connaît le Tout, s’il est privé de lui-même, il est privé de tout. »]

© éditions Terre du Ciel, 2000, 2002.

 

Cordialement

 

¹ – Ce site dédié en proposait sept traductions. Mais le lien n’est plus fonctionnel depuis bien longtemps.

² – Le site de l’association n’est apparemment plus maintenu non plus.

 

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Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

Une réponse sur « La Charte de l’Europe des Consciences »

Merci à l’Europe des Consciences pour son travail.
L’émancipation de l’humanité prend de grandes proportions alors que le monde du rigide, du pouvoir dominateur est en perte constante de sens.
Ce qui détermine la dimension de l’être n’est pas la taille de ses muscles mais sa capacité a s’adapter.

Fraternellement : JAC

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