Catégories
4 - Transformation personnelle & sociale Fondamentaux Transformation personnelle & sociale

« Il faut habiter poétiquement la terre » – Hölderlin

Je viens de relire cette injonction majeure de Friedrich Hölderlin dans le grand livre de François Cheng, « Cinq méditations sur la beauté », aux Éditions Albin Michel, 2006 :

« Il faut habiter poétiquement la terre »

FrancoisCheng

Elle prend place au début de la quatrième méditation, à l’issue d’un bref parcours au sein de la tradition occidentale :

« La beauté est la splendeur du vrai. »

Platon

« Rien n’est beau que le vrai. »

Boileau

« Rien n’est vrai que le beau ; rien n’est vrai sans beauté. »

Alfred de Musset

« Beauté, c’est vérité ; et vérité beauté. Tout ce qu’on sait sur terre ; il faut qu’on le sache. »

John Keats

 

François Cheng s’interroge ensuite sur le caractère « opératoire » de ces propositions. Je suis convaincu qu’il trouverait du « grain à moudre » dans ces deux articles de Christian le Dimna récemment mis en ligne :

et surtout dans son livre : « SIMPLEMENT VOIR, aux confins de la poésie contemporaine et de l’expérience mystique ».

S’ensuit un plus long développement, initié à partir de la tradition chinoise, … qu’il convient de lire, relire, méditer, tant il est profond. Je vous livre juste deux phrases de conclusion de ce quatrième chapitre, consacrées aux têtes khmères du Musée Guimet :

« On n’en voit plus les yeux, mais curieusement on en voit le regard tourné vers l’espace infini de l’intérieur. »

« Tourné vers l’intérieur puis retourné vers l’extérieur, ce visage pourra alors dispenser une lumière autre, celle de la transfiguration. »

 

François Cheng décrit ici le double mouvement du regard, de l’attention, qui est pratiqué lors des différentes expériences d’un atelier de Vision du Soi, principalement avec les yeux ouverts. La personne qui prendra au sérieux ce « beau geste », matérialisé dans le dessin ci-dessous, et qui le valorisera suffisamment pour l’intégrer à son quotidien, parviendra sans nul doute à « habiter poétiquement la terre ».

Doigt dans les 2 sensJPG

Certains diront peut-être que cela nous fera une belle jambe … Nous sommes quelques-uns, de plus en plus nombreux, à penser que si nous n’y parvenons pas, nous sommes tout simplement perdus : et il ne s’agit pas là d’une figure poétique, c’est terriblement concret, la plupart des conditions d’un effondrement global sont bel et bien désormais en place. Et l’option consistant à aiguiser soigneusement les baïonnettes, comme toujours, ne ferait que précipiter cet effondrement …

De François Cheng, tout est à lire, tout est « beau et vrai ». Vous pouvez également regarder cette conférence du 5/11/2010 au Collège des Bernardins : « Envisager et dévisager la beauté ».

Décidément ce thème du visage est vraiment central chez de nombreux penseurs éminents, Emmanuel Lévinas entre autres. Il faudra donc y revenir, même si les expériences de Douglas Harding permettent dès à présent de voir, et éventuellement ensuite de vivre, l’essentiel. A l’issue d’un atelier vous aurez tout le temps pour, éventuellement, essayer de comprendre … Vous n’y parviendrez pas, l’essentiel demeurera de l’ordre du mystère.

Cf. aussi ce site dédié à Hölderlin, en allemand.

Cordialement

by-nc-sa

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.