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Évocation de Marc-François Lacan – Marie Balmary, « psyahanalyste »

Le billet précédent écornait un peu – gentiment – le célébrissime Jacques Lacan, et se terminait en évoquant son « petit » frère, Marc, devenu moine bénédictin sous le nom de François, dont j’ai découvert l’existence grâce à Marie Balmary.

Deux livres de Marc-François Lacan sont disponibles aux éditions Albin Michel :

  • « Dieu n’est pas un assureur – Œuvre 1 : Anthropologie et psychanalyse »
  • « La vérité ne s’épuise pas – Œuvre 2 : Exégèse et théologie »

Un vrai travail de bénédictin, vaste, profond et solide, qui nécessitera moult lectures et relectures avant d’oser rédiger quelque chose sur volte-espace …

En attendant je vous propose de lire cette émouvante « Évocation de Marc-François Lacan » par Marie Balmary (0).

Marie Balmary « psyahanalyste »

Il s’agit d’une conférence donnée au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris) en septembre 2010, dans le cadre d’une soirée consacrée au Père Marc-François Lacan et à son œuvre.

Quelques extraits et commentaires en lien avec la Vision du Soi selon Douglas Harding.

« …

Ceci m’explique en partie ce que nous avions en commun – de ne pas savoir être un maître pour l’autre, même dans la partie où nous étions sensés pouvoir y prétendre. … son trésor était ailleurs. La joie et la force de la présence mutuelle est un bonheur auquel on ne renonce pas pour des satisfactions du petit moi. Aucun mérite à cela. Cette joie est sans commune mesure avec l’autre¹.

« L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité. » Dans Attente de Dieu, Simone Weil a même écrit : “de la charité”. Je le crois avec elle.

Marc Lacan avait cette attention. Il était de ces gens dont le visage devient lumineux lorsqu’ils vous voient. Vous avez l’impression qu’il y a en eux une veilleuse toujours prête pour autrui, comme les vierges sages qui ont toujours de l’huile pour leur lampe. Pour ces gens-là, vous êtes peut-être, sinon l’Époux de la parabole, du moins un messager de l’époux …

Non, ce que je viens de vous dire, cette phrase (pour ces gens-là vous êtes sinon l’Époux du moins…) je sens que j’ai tort en la disant. Que Marc m’aurait donné tort de diminuer ainsi la hauteur de la rencontre, l’importance de chacun dont il recevait la visite comme un présent de grand prix pour lui, visage comme une lampe allumée chaque fois².

Marc et saint Augustin³
 …

Il me semble que c’est cela la véritable transmission des uns aux autres. Et que le maître le plus vénéré est à traiter comme un frère aîné, peut-être, sur lequel on s’appuie un temps, avec lequel on tombe d’accord ou pas, dans un débat, mais qui ne vous privera pas de votre propre parole. C’est pour cela qu’il n’avait pas peur des chercheurs dans mon genre et dans d’autres.

Si je l’ai bien compris, il croyait que nous avons le choix entre être et ne pas être. Nous pouvons choisir l’être par l’être-avec ou aller vers le néant, n’étant pas advenu dans la relation à l’humanité (4).

Adolphe Geshé écrit : « Il y a des êtres dont la seule présence est comme une absolution […] Cette absolution que nous donne l’autre, et qui va bien au-delà de la simple morale : celle qui nous restitue notre dimension ontologique et théologale. »

La rencontre d’un tel être qu’était Marc, tandis que par ailleurs je recevais tant de richesses d’un enseignement de Paul Beauchamp – lui bien professeur – cette rencontre m’a permis de resituer toutes ces richesses dans cette présence-là. »

 

Cordialement

 

0 – Comme ce sont souvent les choses importantes qui disparaissent le plus rapidement du wouèbe, vous pouvez également télécharger le pdf ci-après : 12-evocation-de-marc-francois-lacan-eglise-et-vocations-n-12-novembre-2010

Et comme il serait dommage que disparaisse ce « Marie Balmary psyahanalyste » ! Tant il est vrai que ses découvertes provoquent souvent chez son lecteur de multiples « aha », d’étonnement, de stupeur parfois, d’intérêt toujours, de vraie joie … Simple coquille, malice de rédacteur jésuite, acte manqué réussi … ? Peu importe !

¹ – Ce que Marie Balmary dit là de Marc-François Lacan me fait immédiatement penser à ce que j’ai vécu auprès de Douglas Harding. Cet homme « délicieux » était un « moine » au sens archétypique du mot, un homme qui avait dédié sa vie à la recherche de l’unité, pour lui-même et pour les autres, et qui … y était magnifiquement parvenu (impossible d’écrire « magistralement » !). La Vision du Soi finira aussi par trouver une place – centrale – dans la plupart des institutions monastiques, quelle qu’en soit la tradition. Patience !

Mais jamais au grand jamais je ne l’ai vu poser en « maître ». C’était pareillement impossible pour lui, tant était puissante la joie du face à espace avec quiconque se trouvait avec lui, le bonheur de se retrouver dans le partage de notre Vraie Nature, cet espace d’accueil illimité et inconditionnel que nous sommes tous.

Plus globalement … et malicieusement, le temps n’est-il pas venu de « mettre un terme au maître » … ?!

² – Oui, mais de quelle « attention » parle-t-on ? Ne serait-il pas nécessaire de préciser qu’il s’agit de cette attention à double sens si clairement – parfaitement – indiquée par le « simple » geste des deux index à 180° dessinés ci-dessous ?

Et comment ne pas rajouter que ces expériences de Vision fonctionnent partout et toujours, si cette attention est « allumée ». Nul besoin de lieux, ni de rites particuliers ; pas besoin de vêtements, d’accessoires, de musiques ou de quoi sais-je d’autre de particulièrement ésotérique et/ou exotique. Rien n’empêche l’avènement de … ? … la lumière, du Royaume, de Cela, … lors de la plus quotidienne des rencontres, jamais banale en mode face à espace.

³ – La partie centrale de cette évocation est consacrée à Marc et saint Augustin, en lien avec un texte important de Marc-François Lacan : « Une présence dont je puis jouir ». Difficile d’y entrer dans la limite de cet article, mais il me semble que la démarche de ce « frère aîné » rejoint celle qui consiste à vérifier si les « pères », les « experts ont bien pigé le truc ? »

Si ma mémoire est bonne, il me semble bien d’ailleurs qu’Augustin a reconnu « avoir pigé le truc » très tardivement dans sa carrière … Vérifiez.

4 – Si ce choix crucial entre « l’être » et le « néant », entre la Vie et la mort, vous titille un tant soit peu, la Vision du Soi selon Douglas Harding peut vous rendre un fieffé service. Vous aurez toujours le loisir de lire Marie Balmary, Marc-François Lacan et Augustin après … Vous ne pénétrerez que mieux tous leurs textes.

En ce qui me concerne, je reste toujours autant étonné que si peu de gens soient titillés par cette question vitale … Mystère et misère de la modernité …

by-nc-sa

 

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

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