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L’avertissement du Président – 3

Les péripéties de la rentrée politique française – notamment la démission de Nicolas Hulot et ses conséquences … –  semblent inviter une fois de plus à relire avec attention le texte de Marie Balmary : « L’avertissement du Président », repris précédemment sur volte-espace et, de manière surprenante, presque nulle part ailleurs … ? (0)

En voici un bref extrait pour vous inciter à relire l’intégralité de ce texte, qui interroge le choix musical de « l’Air du champagne » de Don Giovanni de Mozart fait par Emmanuel Macron en de très (trop …?) nombreuses occasions :

« Don Juan est celui qui fait éclater les alliances, se moque des fidélités, met le désordre dans les relations et les places sociales, le désymbolisateur par excellence. …

Cet homme (Don Giovanni) dira plus tard :

« Je ne souffre pas d’opposition. »


Le Président [Emmanuel Macron] nous dit-il : ne me laissez pas aller au devant de la punition de Don Juan, ne me laissez pas vous défaire ? Si tel est le cas, merci, Monsieur le Président, merci de nous prévenir. Car ce n’est pas Don Juan qui a été élu Président de la République française, c’est vous. »

&

Mais c’est moins l’actualité de la rentrée politique qui me conduit à proposer une troisième variation sur ce même thème que le fait d’avoir regardé début août une rediffusion de l’enquête de Pauline Revenaz et de Jérémy Trottin intitulée :

« Macron à l’Elysée, le casse du siècle. »

La conclusion du discours du dimanche 7 mai 2017 sur la place de l’Esplanade du Louvre, cette dernière toute petite & immense phrase, m’a particulièrement surpris, retenu, choqué … lorsqu’on la replace dans le contexte de cette enquête et de cet « avertissement du Président » :

« Je vous servirai avec amour. »

 

Je vous laisse le soin :

  1. de (re)visionner la fin de ce discours,
  2. de lire le texte de Marie Balmary,
  3. d’en tirer vos propres conclusions !

Les miennes m’ont entraînées vers cette bien vieille citation, généralement attribuée au Pape Grégoire Ier, dit le Grand, l’un des quatre Pères de l’Église d’Occident :

 Corruptio optimi pessima.

« La corruption de ce qu’il y a de meilleur est la pire. » 

Et dans une traduction sans doute moins exacte mais plus dynamique :

« La corruption du meilleur entraîne le pire. »

« Servir avec amour » relève assurément du « meilleur ». Mais il ne saute pas immédiatement aux yeux que notre Président « serve avec amour » tous les français depuis plus d’un an … En tous les cas les preuves d’amour de la politique impulsée par lui et mise en œuvre par le gouvernement ne vont pas majoritairement dans ce sens pour tous les citoyens.

Emmanuel Macron avait déjà placé la barre très haut dans les phrases précédentes : « je vous servirai avec humilité … avec force … dans le respect de la devise républicaine … dans la fidélité de la confiance que vous m’avez donnée ». Quelle nécessité a-t-il éprouvée de rajouter cette phrase de plus … cette phrase – pour moi – de trop ?

Cette phrase me semble donc conforter le texte – et l’inquiétude – de Marie Balmary, et me laisse craindre qu’Emmanuel Macron, Président de la République Française, ne sache pas très bien où il se situe ni par rapport à la « liberté » ni envers « l’amour ». Si cette situation n’est pas encore tout à fait désespérée – en tous les cas je l’espère … – elle n’en est pas moins grave. Ne constitue-t-elle pas un pas de plus vers « la cité perverse »¹ étudiée par Dany-Robert Dufour ?

« L’individu qui vient après le libéralisme »² – du même auteur – tarde dangereusement à pointer le bout de son nez … La Vision du Soi selon Douglas Harding serait peut-être de nature à en hâter la venue … Mais il conviendrait de se hâter, le temps commence à nous être compté.

&

NB : Je profite de l’opportunité de cette citation pour évoquer un grand & beau livre – une sorte de « testament spirituel » qui éclaire l’ensemble de la vie & l’œuvre d’Ivan Illich (1926-2002) :

« La corruption du meilleur engendre le pire » – Entretiens  David Cayley & Ivan Illich

Il aurait sans nul doute critiqué l’instrumentalisation de « l’amour » par le politique évoquée ci-dessus, et, peut-être travaillé sur la prévisible « contre-productivité » de ce discours … !

 

Cordialement

 

0 – N’allez pas croire que j’en veuille personnellement au « jeune homme si parfait » ou à son mouvement … « En marche ». Bien au contraire ! Je leur souhaite sincèrement une « réussite » qui serait aussi celle de tous les français, de l’Europe, du monde … Je pense tout aussi sincèrement qu’il n’y avait quasiment plus rien à attendre du théâtre d’ombres qui les a précédé. Mais … il n’en reste pas moins que je suis très inquiet. Vivant tout proche de l’Italie, je vois d’assez près ce qu’il s’est passé après l’enlisement « Berlusconi » puis le météore « Mattéo Renzi » … l’alliance – pas si contre-nature que cela – de La Ligue et du Mouvement Cinq Étoiles !

J’ai relu récemment ce qui suit sous la plume d’André Comte-Sponville :

« Gouverner au centre ? Mais quelle alternance, dès lors, sinon l’arrivée au pouvoir de l’un des deux extrêmes, dont le pire toujours est à craindre ? C’est parce que je suis modéré, que je ne suis pas centriste : j’aime mieux l’alternance d’une droite et d’une gauche républicaines que la prétention – toujours démentie par l’histoire – de n’être ni d’un coté ni de l’autre. … Vous connaissez la belle formule de Waldeck-Rousseau : “Je suis républicain modéré, mais pas modérément républicain”. Je pourrais dire la même chose. »

« C’est chose tendre que la vie » – Page 309

Bon … il est vrai que « La République en marche » n’est pas « ni d’un coté ni de l’autre » mais « en même temps … d’un coté et de l’autre » ! Ce n’est pas tout à fait suffisant pour me rassurer …

¹ – « La Cité perverse. Libéralisme et pornographie »

Collection Folio essais (n° 563), Gallimard, 15-03-2012

« Nous vivons dans un univers qui a fait de l’égoïsme, de l’intérêt personnel, de l’amour de soi, son principe premier. Ce principe, destructeur de l’être-ensemble et de l’être-soi, commande désormais tous les comportements, ceux de “l’hyperbourgeoisie” ou des bandes de jeunes délinquants comme ceux des classes intermédiaires. Pornographie, égotisme, contestation de toute loi, acceptation du darwinisme social, instrumentalisation de l’autre : la Cité est devenue perverse.

La crise, qui n’est pas seulement économique et financière, a mis à nu les mécanismes de cette perversion. Il est temps de les révéler : il est fort possible que bientôt, en attendant une nouvelle crise de plus grande ampleur encore, tout redevienne comme avant. Entre-temps, nous aurons mesuré l’ampleur des dégâts. »

² – « L’individu qui vient. … après le libéralisme »

Collection Folio essais (n° 612), Gallimard, 20-11-2015

« La civilisation occidentale, après avoir surmonté en un siècle différents séismes dévastateurs, le nazisme et le stalinisme au premier rang, est aujourd’hui emportée par le néolibéralisme. Et avec elle, le reste du monde.

La crise générale qui en résulte est inédite : tout à la fois politique, économique, écologique, morale, subjective, esthétique, intellectuelle, elle n’est cependant pas inéluctable.

Comment résister au dernier totalitarisme en date ? Une fois déjà la civilisation occidentale a su se dépasser en mobilisant ses deux grands récits fondateurs : le monothéisme venu de Jérusalem et le Logos et la raison philosophique venus d’Athènes. C’était au cours de la Renaissance.

Pour sortir de la crise, Dany-Robert Dufour propose de reprendre aujourd’hui cet élan humaniste, de dépoussiérer, réactualiser et laïciser ces grands récits. Pour qu’advienne un individu qui, rejetant les comportements grégaires sans pour autant adopter une attitude égoïste, deviendrait enfin “sympathique”, c’est-à-dire libre et ouvert à l’autre.

Une utopie de plus ? Plutôt une façon souhaitable mais aussi réalisable d’œuvrer à une nouvelle Renaissance, qui tiendrait les promesses oubliées de la première. »

Par Jean-Marc Thiabaud

Jean-Marc Thiabaud, 65 ans, marié, deux fils, un petit-fils.
La lecture de "La philosophie éternelle" d'Aldous Huxley m'oriente précocement sur le chemin de la recherche du Soi.
Mon parcours intérieur emprunte d'abord la voie du yoga, puis celle de l'enseignement d'Arnaud Desjardins.
La rencontre de Douglas Harding en 1993 me permet d'accéder à une évidence que je souhaite désormais partager.

7 réponses sur « L’avertissement du Président – 3 »

Bonjour Jean-Marc,

J’avais aussi entendu le soir même, très fort et avec le coeur, cette petite phrase par laquelle Emmanuel Macron avait terminé son discours au Louvre, le jour de son élection. Mais je l’avais trouvée très belle, car je pense sincèrement qu’Emmanuel fait partie des enfants de Dieu et que c’est véritablement l’amour universel qui l’anime. Et puis son prénom, mais aussi sa date de naissance (le 21 décembre, jour du retour de la lumière) me confortent dans ce sens. Nous ne sommes pas prénommés en vain…

Mais vous connaissez l’adage : « Le pouvoir corrompt » !

Emmanuel Macron est jeune (rappelez-vous de vos 40 ans ?) et il est tombé dans un nid de vipères qui tente par tous les moyens de le récupérer (franc-maçonnerie en tête). Cela se voit au fil du temps et de son durcissement intérieur. Et il fait malheureusement souvent des projections, ne pouvant juger autrui que par rapport à lui-même, à son travail incessant et à sa douance. Pour ma part, je lui trouve bien du courage, et je préfère qu’on le juge dans quelques années de « résultats » plutôt que pendant ces années difficiles de « tri des déchets »…

Bien cordialement.

Bonjour Madeleine,

Il est vrai que j’ai entendu cette phrase en quelque sorte à contretemps, après avoir lu, relu et commenté le texte de Marie Balmary et après un peu plus d’un an d’exercice du pouvoir.

Si nous sommes tous effectivement des « enfants de Dieu » (Psaume 82,6 ; Jean 10, 34), je demeure un peu moins optimiste que vous concernant Emmanuel Macron. Le documentaire évoqué dans cet « avertissement 3 » rappelle fort à propos que cette ascension s’est construite sur un orgueil et un désir de revanche assez considérables, voire violents …

L’espérance que j’ai exprimée dans « En marche … » (http://volte-espace.fr/en-marche-ashrei-un-pacte-neuf-andre-chouraqui/) reste pour l’instant insatisfaite, mais sait-on jamais … Comme disait Carl Rogers : « Facts are friendly », « Les faits sont amicaux », et les « faits » commencent à s’accumuler devant la porte du « nouveau monde ». Il va bien falloir y répondre.

Comme je suis un inconditionnel des travaux de Marie Balmary, je prends très au sérieux son « avertissement du président ». Je persiste donc à craindre que l’attrait – et la signification – de « l’air du champagne » soit plus puissant que cette promesse, à mon avis prononcée avec beaucoup de légèreté, de nous « servir avec amour ». J’aimerais tant me tromper !

Cordialement

En Jean 10:34, Jésus s’adresse à des Juifs. Or il dit aussi à ces mêmes Juifs : « Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous, vous n’entendez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu. » (Jean 8:47)

Vous voyez que, pour Jésus lui-même, il y a des humains qui ne sont pas de Dieu !

Quant à Marie Balmary, je ne connais pas, mais je n’ai besoin de personne pour penser à ma place, non plus. J’ai assez de ma propre intelligence et de mon propre coeur, aidée par le Soi, pour me faire mon opinion. Wait and see en ce qui concerne Emmanuel ? On ne bâtit pas sur les ruines d’un ancien pouvoir, il faut d’abord passer par l’étape impopulaire de sa démolition…

Aussi, une remarque : comment pouvez-vous défendre la philosophie de la « vision sans tête » et juger tout et tout le monde, comme vous le faites ? N’est-ce pas avec votre « moi », très défini par vous-même et vos propres valeurs, que vous jugez ainsi autrui ?

Ce n’est pas agressif de ma part de vous demander cela, c’est juste que ça me rend perplexe. Il me semble que quand on n’a plus de « tête », on n’a plus d’outil pour juger…

Réponse plus délicate …

Qui commencera par une question : est-ce que vous connaissez la Vision du Soi(Vision Sans Tête) selon Douglas Harding ? Je veux dire : avez-vous participé à un atelier, pratiqué quelques expériences, réalisé au moins pour partie leur signification ?

La Vision n’est pas une « philosophie » au sens ordinaire du terme. Pour ma part je précise que c’est plus une sagesse de l’amour qu’un amour de la sagesse … Et une sagesse ancrée, entée, dans un amour dont on a réalisé – simplement, concrètement, joyeusement – le fondement : être espace d’accueil illimité et inconditionnel pour l’autre, tous les autres, tout … Écrit comme cela , je suis bien conscient que ça paraît assez grandiloquent. C’est pourquoi le retour aux expériences s’impose toujours … « facts are friendly » !

Est-ce que je « juge tout et tout le monde » ? Je ne crois pas, j’espère sincèrement que non … J’essaye simplement de montrer que tout événement peut être examiné, étudié et si possible compris de deux façons : en restant en périphérie, ou à partir du Centre, de cet espace d’accueil. Tout simplement pour montrer que la Vision du Soi(Vision Sans Tête) peut, ou plus exactement pourrait, constituer aussi un fondement pour une politique rénovée dont nous avons tant besoin. Comme toute voie spirituelle solide, elle « marche » dans tous les domaines. Ce n’est en aucun cas un exercice de spéculation intellectuelle ou spirituelle complètement déconnecté du monde réel.

Mais je ne suis pas un pur « esprit » : ce que j’écris sur volte-espace est effectivement « coloré » par mon corps & mental, ce « moi » qui n’a guère d’intérêt quand il ne demeure pas connecté consciemment au … Soi. La Vision du Soi constitue véritablement une percée pour réaliser cette connexion. Pour réaliser que nous n’avons jamais été déconnecté que dans la plus totale illusion !

« Moi et le Père nous sommes un. » [« Ἐγὼ καὶ ὁ πατὴρ ἕν ἐσμεν. »] Jean 10,30

Permettez moi ce conseil amical : essayez la Vision.
http://volte-espace.fr/vision-texte-fondateur-en-francais-et-en-anglais/

Cordialement

Merci pour vos réponses détaillées, Jean-Marc !

Eh bien je pense que, justement, j’accueille « inconditionnellement » Emmanuel tandis que vous le jugez bien durement, peut-être parce que vous le jugez à travers les projections de Marie Balmary et non avec votre propre coeur ?

Pour ma part, je vis dans le Soi depuis 7 ans, depuis ma « crucifixion » par le monde à l’automne 2011, moment terrible de « tensions des opposés » qui a abouti à la résurrection, à l’Eveil. Donc je ne peux pas facilement comprendre ce dont vous témoignez par cette « vision sans tête » puisque, d’une certaine façon, elle part encore d’un Moi que je ne connais plus (sinon un Moi fonctionnel : je mange, je dors), même si c’est pour nier sa réalité…

Il y a une belle « vision » de la vie dans le Soi qui a été donnée par Sédir, à la fin de la méditation ci-dessous. J’en aime particulièrement ce passage : « Être uni à Dieu, c’est se sentir un néant; c’est s’être travaillé si à fond, c’est être recuit au feu de tant d’épreuves qu’en nous il ne reste plus rien qui soit nous. C’est avoir si longtemps traîné nos chaînes qu’elles se soient usées, qu’elles tombent de nos chevilles. C’est être capable de recevoir la Liberté. »

https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/sedir/VoieMyst1/delaviec.html

Cordialement,
Madeleine

Bonjour Madeleine,

Désolé de n’avoir pas répondu à ce dernier commentaire plus rapidement … Je ne comprends d’ailleurs pas comment il a pu être validé automatiquement dans wordpress, logiciel que je suis encore bien loin de maîtriser. Peu importe, mais …

Votre lecture de ce verset de Jean me paraît bien … rapide ! Un conseil : jetez donc un œil aux divers travaux de Marie Balmary, ne serait-ce que pour apprendre à lire lentement & précautionneusement. Nous sommes généralement si prompts à nous couler dans l’ornière de l’exclusion, alors que ce que je commence à comprendre du message chrétien irait plutôt dans le sens de l’inclusion inconditionnelle & illimitée … C’est en tout cas le sens de ce que j’essaye de partager sur volte-espace. Donc je persiste : tout le monde « est de Dieu », même ceux qui soit n’en ont pas conscience, soit ne veulent absolument pas « en être ».

Nous ne sommes sans doute pas exactement sur la même longueur d’onde concernant le Soi. Ce qui n’est pas si facile, c’est de s’y abandonner totalement, de laisser advenir un lâcher-prise complet, afin qu’il n’y ait plus de mélange, souvent détonnant !, entre « Lui » ou, exprimé autrement : « Cela », et ce qui relève encore du moi-je …

« Wait and see » : d’accord en ce qui concerne notre Président. La Vision du Soi selon Douglas Harding propose … l’inverse ! « See » d’abord, et « wait » ensuite pour ce qui concerne les effets de la Vision. Je trouve que ça fonctionne plutôt bien dans cet ordre là, et j’invite toute personne intéressée à faire également l’expérience, à vérifier par elle-même.

E. Macron a déjà beaucoup démoli… Les sociétés humaines sont des organismes extraordinairement complexes et donc fragiles. Lao-Tseu conseillait de gouverner « comme on fait cuire un petit poisson », sans trop secouer la poêle. Espérons que notre président – philosophe lise, au moins un peu, Lao-Tseu !

Cordialement
Jean-Marc

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